17 octobre 2012

bloub bloub bloub

Cher lecteur, en direct de mon sous-marin dans lequel j'essaie de surnager...

La semaine dernière s'est déroulée dans une sorte de brouillard. Dimanche, hôpital avec Cédric, nuit de veille avant l'opération, révisions et devoirs à la lueur de la veilleuse pendant que mon lardon dort et prend des forces pour ce qui l'attend...
Je ne peux que mesurer ma chance d'avoir un fils extraordinaire qui vit les épreuves avec tant de force et surtout une capacité à prendre sur lui juste confondante. Moi je suis là, à me ronger les sang et à ne pas dormir. Lui qui n'est plus pourtant dans la petite enfance inconsciente, qui sait d'autant plus ce qui l'attend que c'est la 8e fois qu'il traverse cette épreuve, dort à poing fermé, intériorise sa peur, économise ses force, et me dit d'ailleurs avant de se coucher "il faut que je passe une bonne nuit car c'est fatiguant pour le corps, une opération, il vaut mieux qu'il soit reposé!"
6H du matin, il fait nuit noire, une infirmière ouvre la porte, me fait signe, propose un jus de pomme à Cédric. Mon corps est comme scotché à mon matelas, mon dieu qu'il est lourd! Je me lève, un bisou : réveille toi mon poussin, il faut prendre ta douche à la bétadine... Cédric me dit que son ventre a peur, mais que lui n'a pas peur, il sait que tout va bien se passer. Il cherche une approbation dans mon regard, que je m'efforce de lui donner.

6H30 Il est lavé, dans son lit, me sourit, il attend... Une infirmière vient lui poser les patchs emla pour les perfusions. 7H30 c'est déjà l'heure du branle-bas de combat. On descend au bloc, j'ai le droit d'accompagner mon loulou. Il est médiqué et somnolent, pas vraiment stressé, pas vraiment rassuré. La chimie fait son oeuvre pour lui et étouffe l'expression d'un quelconque sentiment.
8H, le bloc est prêt, je reste derrière la limite des locaux qui me sont autorisés. Le lit s'en va, mon poussin avec lui, emportant ma dernière étreinte.
Jérémie est arrivé, nous prenons 5 minutes pour boire un café, passer le relais, les infos. Pour la première fois, j'ai le sentiment que nous sommes deux à gérer cette aventure. Je pense que jusqu'ici je n'ai pas laissé de place dans ma tête à Jérémie à l'hôpital avec Cédric. Ce matin là, tous les deux au relais H au milieu des blouses blanches qui partent et arrivent, nous sommes sur la même longueur d'onde, nous parlons la même langue, je déverse en lui comme dans un réceptacle les infos nécessaires, les sentiments induits, ressentis, il les reçoit simplement. C'est déjà l'heure. Un enlacement fugace et nous repartons déjà chacun de notre côté. Les lumières de l'hôpital restent derrière moi et je m'engouffre dans la foule du métro. Retour à l'IRTS. Je dois laisser loin dans mon coeur les images de mon fils, de son père, et de ma fille aussi qui est une fois de plus obligée de rester à l'écart.
A l'IRTS je suis immédiatement plongée dans une autre dimension. L'atelier a déjà commencé, nous devons concevoir une affiche à partir de nos conceptions des métiers du travail social. Le travail avec ce groupe me paraît sur le moment pénible, fastidieux, je me sens contrariée, pas écoutée, pas en accord avec ce qui est représenté et dit. J'ai l'impression de ne pas pouvoir exprimer mes opinions parce qu'elles sont reçues comme des critiques.
Je me rends compte en écrivant ce billet à quel point mon état d'esprit en arrivant devait y être pour quelque chose, combien ce que j'étais entrain de vivre pouvait influencer mon comportement et la façon dont je vivais l'atelier. J'ai sans doute été plus agressive que je ne l'ai perçu, d'où cette impression d'être entourée de gens qui ne m'écoutaient ni ne me comprenait. Je me suis demandée si je parlais la même langue. Vraisemblablement non, mais c'était de mon fait.
La semaine s'est passée en aller/retours hôpital/IRTS, mes souvenirs sont confus, je me suis sentie absurdement fière de ne pas m'écrouler et de parvenir à travailler à l'hôpital.
En réalité, j'ai pris énormément de retard dans mon travail et aussi dans mon "capital décompression" si tu vois ce que je veux dire, cher lecteur... Résultat, ce début de semaine a été un peu difficile nerveusement pour moi.
Cependant pour l'instant mes résultats se maintiennent puisque notre 2e note de travail de groupe en science politique est aussi bonne que la première, c'est encourageant!

Hier, nous avons eu une matinée autour du récit de formation, vraiment intéressante. Ecouter des travailleurs sociaux parler avec passion de leur métiers donne une petite piqûre de rappel sur le pourquoi on se farcit tous ces cours de fac, ça aide à tenir un peu le coup, et ça donne envie surtout...
J'ai beaucoup aimé entendre les profs nous dire, citations à l'appui, que l'écriture n'était pas un processus de retranscription d'une réflexion, mais plutôt l'inverse...
On m'a reproché toute ma scolarité d'écrire spontanément  Ces reproches n'étaient pas infondés, c'est vrai que je manquais de rigueur et de méthodes, que les plans sont utiles et l'organisation de la pensée aussi. Mais je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais pas à travailler comme on me le demandais, et comment j'arrivais pourtant à obtenir de bons résultats.
Avec le temps, j'ai appris à écouter les critiques, et à poser un cadre à ma pensée avant de me lancer. Je comprends aujourd'hui que ma façon de travailler n'était pas si anormale que ça, et que sans doute l'alliance de l'écriture spontanée et la réflexion préalable mais surtout suivant l'écriture peut beaucoup m'apporter. "Ecrire, c'est penser avec sa main" a dit Cyrulnik , c'est exactement ma façon de fonctionner.

Mon grand lardon va bien. Il est sorti de l'hôpital Mercredi soir, a passé quelques jours de convalescence chez ses mamies respectives et à la maison, et a retrouvé le chemin de l'école hier. La douleur a été plus importante que prévue, puisque le chirurgien lui avait garanti qu'il n'aurait pas mal du tout (très malin...) mais Cédric l'a très bien géré... Elle s'estompe peu à peu, et son nez commence à dégonfler. Nous avons hâte que ses fils se résorbent et qu'on lui retire ses conformateurs racinaires pour qu'il puisse enfin profiter de son nouveau confort respiratoire...
Nous voyons son chirurgien mardi...

01 octobre 2012

Impressions du jour, bonsoir!

Hé oui, il est déjà tard!

Tu sais quoi cher lecteur? Ce soir après avoir couché les lardons, j'avais super envie de prendre un bain, le genre super chaud avec plein de mousse... en plus j'ai super mal au dos depuis le début de ma formation (oui tout le monde s'en fout, c'est pas grave!)... donc me voilà partagée entre mon envie de prendre un bain et l'espèce de syndrome de panique irrationnelle dont sont atteint la majorité de mes camarades de promotion quand ils se mettent à faire des trucs sans rapport direct avec l'école.
Au final je suis restée plus d'une heure dans mon bain, le temps de lire le gros pavé sur le "code langage eje" écrit par ma responsable de filière, comment joindre l'utile à l'agréable!

Me voilà donc toute propre et prête pour faire mon devoir du soir, parce que j'ai la flemme de faire autre chose de plus conséquent : noter mes impressions de formation pour mon futur récit de formation.

Donc quoi t'est-ce qu'il s'est passé dans ma journée?

Hé bien une matinée ma foi très agréable avec l'atelier d'institutions sanitaire et sociale, plus sympa que la semaine dernière. J'aime bien notre formatrice en plus, et on commence à vraiment bien se connaître maintenant entre les différents groupes, ce qui rend l'ambiance bien plus sympa aussi!

Au menu du jour : se réunir entre élèves de mêmes filières (là on était 3 EJE, 3 AS et 7 ES si j'ai bien compté). Chaque groupe devait écrire le scénario d'une petite saynète sur la vision que l'on avait de l'un des deux autres métiers. On a bien rit! Sauf quand ça a été le tour des ES qui interprétaient le rôle des EJE, ils ne nous ont pas loupé!!! Ils ont joué une scène d'arrivée à la crèche le matin, 2 maman amenant leurs enfants, reçues par une petite équipe d'eje qui, après avoir accueilli très aimablement les mamans, se sont empressées de délaisser les bambins pour aller papoter autour d'un café en critiquant allègrement parents et enfants. La phrase qui m'a le plus fait bondir (la prof était mdr de me voir m'étrangler de colère sur la chaise!) : "de toutes façons un enfant de deux ans ça comprends rien!"
En même temps c'était très instructif, ils ont caricaturé bien sûr, mais finalement ça représente une chose à laquelle nous, eje, allons sans doute être confrontés dans notre métier : la représentation collective de notre travail. En y réfléchissant ça ne m'étonne pas beaucoup, moi même avant de me renseigner sur les métiers de la petite enfance je n'avais jamais entendu parler des eje, seulement des aux puer, et j'en avais également une idée assez arrêtée, et pas mal d'à priori sur les crèches... M'enfin ça fout une claque quand même! D'autant que de notre côté on s'était super appliquées toutes les 3 à bien représenter le métier d'assistante sociale sous un aspect positif et utile, en se positionnant d'après un regard professionnel d'eje... Mais quand même on a vraiment bien rigolé!

Cet aprem, cours de santé publique... vraiment c'est dommage c'est un cours très intéressant mais le prof a une façon très soporifique de parler, et une bonne moitié de la salle ne suit pas du tout, voir discute et il y a un bruit de fond constant... je fais attention de me mettre très proche du prof à ce cours pour l'entendre et pour suivre mais malgré ça il m'arrive de piquer du nez...

voilà les nouvelles du jour cher lecteur, on se revoit très vite!

29 septembre 2012

truisalide encore...

Oui, je sais, je fais dans la méga originalité des titres en ce moment, mais ne dit-on pas que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes? D'ailleurs je suis le vieux pot officiel de ma filière, puisqu'une de mes camarades a carrément cru que j'avais 50 ans...
Hé oui cher lecteur, me voilà aussi décrépite que mon blog que plus personne ne vient commenter!

Bon, cessons ces gémissements de vieille schnock et revenons à nos moutons...

Qu'ai-je appris de nouveau ces temps ci qui va nourrir ma truisalide et faire de moi une travailleuse sociale émérite, un jour, peut être?

D'abord, j'ai appris plein de trucs intéressants sur Freud. C'était pas comme si j'avais jamais entendu parler de Freud, ni comme si les notions abordées en cours m'étaient inconnues, mais j'en ai appris bien d'avantage et surtout j'ai compris le pourquoi du comment, ce qui me rend moins bête quand quand quelqu'un me dit "moi l'oedipe j'y crois pas" ou "ouais les freudiens de toutes façons gniagniagnia" et que je suis incapable de savoir si je suis d'accord ou non.
J'ai donc appris des trucs sur Freud et notamment qu'il n'a pas sorti ses théories de sa poche un beau matin, en disant "tiens, si je décidait que les enfants sont des petits pervers en puissance (ce que toute mère qui se respecte sait très bien de toutes façons!) et que tout le monde refoule des pulsions sexuelles bizarroïdes ce qui expliquerait absolument tous les comportements humains? Ca serait marrant non?" Ben non, en fait il a longuement étudié avant d'en arriver là, son travail était rigoureux et très cartésien, et ma foi, raconté comme ça par le prof de psycho ça tiens tout à fait debout! Mais bon je ne vais pas te raconter le cours, cher lecteur, après tout tu n'avais qu'à suivre au lieu de roupiller au fond de la classe près du radiateur!

Quoi d'autre? Ah oui, j'ai beaucoup travaillé sur la gestion du travail en groupe cette semaine, ce qui est un peu mon point faible car je suis une pauvre petite truiss sans défense qui a bien du mal à imposer son point de vue dans la vie. Siiiii! C'est quelque chose qui n'est pas facile pour moi et qui me met mal à l'aise et pourtant je vais devoir apprendre car nous travaillons énormément en groupe et dans ma profession je devrais travailler constamment en équipe, alors autant se donner du mal tout de suite pour s'améliorer un peu, et ma foi, sans rentrer dans les détails (oui, je sais, je te laisse sur ta faim mais je ne peux plus dire tout ce que je veux maintenant que je suis à l'irts!!!!) je pense avoir appris pas mal de choses ces temps ci sur ce sujet et ça me fait "grave du bien"!

Sinon, comme je ne suis pas la moitié d'une truiss, je me suis démerdée pour être désignée déléguée de ma filière d'office, ce qui me demande un boulot de dingue, et qui m'a conduite jeudi dans le bureau du dirlo à revendiquer des explications plus claires concernant nos travaux de "récit de vie" qui laissent beaucoup d'élèves perplexes. Là aussi j'apprend beaucoup dans mes relations à la hiérarchie  à mon devoir de représentante, et à la nécessité de défendre mes droits et le cadre de mes "fonctions" en tant que future eje...

Voili voilou, les cours s'enchainent et toujours cette impression qu'ils se fondent les uns dans les autres, c'est assez surprenant et agréable, car quand on aborde une notion dans un cours, elle rejoint souvent une autre abordée dans un autre cours et du coup tout est plus facile à piger! Hier, j'ai même compris le cours de droit grâce au TD que nous avons fait en groupe, je n'aurai pas cru ça possible! Comme quoi tout arrive!

C'est tout pour ce soir cher lecteur, j'ai déjà passé trop de temps sur mon blog pour aujourd'hui, mais tu me reverra très bientôt car je compte noter autant d'impression que possible par rapport à ma formation pour avoir du matériau pour écrire mon récit de formation par la suite...

Bonne nuit cher lecteur, à très bientôt!

21 septembre 2012

éducatruiss' - tome 2

Il y de l'écho sur mon blog et sur mon mur FB en ce moment, mais comme je dois tenir à jour mon "récit de formation" pour l'irts, je me dit qu'écrire sur mon blog est une bonne façon de garder la trace des jours qui passent...

Aujourd'hui, je vais t'emmener avec moi pour une petite journée à l'irts, cher lecteur, si tu as envie d'être du voyage!

Il est 6h20, le réveil sonne... trop tôt bien entendu! J'ai les yeux lourds de sommeil, je cherche mes chaussons à tâtons, sors sans bruit de la chambre et tente de ne pas faire grincer le parquet sur le trajet de la salle de bains.
Une bonne douche chaude me réveille peu à peu... Je profite de ce petit laps de temps de solitude du matin, me pomponne un peu, pas grand chose, mais un petit peu...
Puis je réveille les enfants... Je ne manque pas de remarquer et de me réjouir chaque jour qu'il ne me soit pas besoin de les tirer du lit de force, de ne pas essuyer de râleries, de refus, de parlementations. Ça me change de l'an dernier où pourtant je les levait bien plus tard, quand Cédric refusait de sortir du lit, ronchonnait, pleurait, criait que l'école c'était "trop nul" et qu'il n'irait "plus jamais"!
Les enfants se lèvent, j'aime bien ce moment où ils sont encore ensommeillés, pas trop bruyants, où Camille me fait de gros câlins tout chauds.
Les enfants s'habillent, puis petit déjeuner et dessins animés pendant que je rassemble mes affaires, fait un brin de ménage vite, vite, prépare ma gamelle pour le midi.
7h30 allez, allez! On y va les enfants! Dépêchez-vous! Camille trottine au bout de ma main, Cédric bavarde, intarissable, le jour se lève. Un bisou à Cédric et bonne journée! Il est déjà parti dans les couloirs de l'école... Interphone de la maternelle "bonjour, j'amène Camille!" Vite vite on se presse vers l'étage, j'accroche le petit cartable et le manteau, un bisou de ma poulette, elle part, puis revient, rituel tous les matins, et re-bisou-câlin, et c'est parti, la journée commence!
Ça y est, je suis seule avec moi-même, ma journée à moi débute. Je sors les écouteurs, et je marche au pas de course vers la gare pour attraper le train de 8h05. Je suis toujours en avance. 3e wagon pour retrouver les copines de promo, on papote, on se raconte notre soirée de la veille, on pronostique les cours de la journée. Dehors le matin s'étire, et des langues de brume paressent dans la campagne briarde.
8h30 nous voilà à la gare de Chelles. On retrouve d'autres camarades à l'arrêt de bus. On est tous encore un peu endormis, on sautille, on se tasse, les matins d'automne sont frisquets... Le bus arrive et nous achemine, la route est fluide le matin, en une poignée de minutes nous sommes à destination, on s'invective, on rit un peu, on se réveille...
8H45 je passe le portail de l'IRTS, retiens mon souffle sur le perron envahi de fumée de tabac. La machine à café, mon graal du matin! Un coup d'oeil au panneau d'affichage pour trouver le cours du matin. "Amphi gym" aujourd'hui, pour le cours de Santé publique. Estelle et Katia, comme toujours sont déjà là, et me gardent gentiment une place. Pas envie de me contorsionner pour passer derrière elle, je m'installe à la table d'à côté près de Cristelle et Marie.On papote un peu, on sors qui ses feuilles, qui son ordi. Pour moi ce sera ordi, je suis bien incapable d'écrire à la main pendant 3h d'affilée! Le cours commence, la matinée s'allonge, s'allonge... Il faut se concentrer, comprendre et noter les informations essentielles. Je me surprend encore très souvent à avoir du mal à croire à ma "bonne fortune", d'être là à écouter ces éminents professeurs d'université, j'apprend tant de choses différentes! Ce matin, c'est un cours que j'aime bien, mené par un vieux monsieur qui a sans doute des choses bien plus intéressante à faire, après une telle carrière, que de faire cours à des "première année", des bleus, qui ne comprennent pas forcément toute l'étendue de la matière qu'il maîtrise, et qui sont parfois inattentifs voir indisciplinés! Imperturbable, il nous raconte, argumente et nourrit d'exemple, par moment un peu espiègle il glisse une petite plaisanterie. Il a la patience des personnes qui ont bien vécu, il ne perd pas le fil de ce qu'il fait, ne peste pas contre l'ordinateur qui saute les pages de son cours, ne se fâche pas contre les élèves qui bavardent... Il tance parfois, avec une pointe d'humour, rarement de l'agacement, ne s'éternise pas et retourne à son récit. Libre à ceux qui veulent apprendre de se suspendre à ses lèvres. Il me faut souvent réprimer un bâillement. Le cours m'intéresse, mais les heures sont longues, assise sur ma chaise. Mon regard se perd du côté de l'horloge, mon esprit s'égare à compter les minutes avant la pause, et puis retourne à mon écran où défilent lignes et paragraphes d'un savoir qu'il va me falloir intégrer chaque jour un peu plus pour obtenir mes partiels.
10h30 c'est la pause! On se bouscule un peu pour être les premiers aux toilettes sous peine de passer sa pause à faire la queue. Puis même scénario à la machine à café. Certain courent à l'administration poser des papiers, d'autres se dépêchent de téléphoner, beaucoup partent fumer. A peine le temps de dire ouf, mon café et moi sommes de nouveau dans l'amphi, ambiance raclements de chaises et bavardages à bâtons rompus. Et puis le prof annonce sa reprise, laisse planer quelques secondes et poursuit son cours. Peu à peu les voix se taisent, l'attention se reporte sur le sujet du cours. On parle de maladie mentale, de perception de la médecine et de l'évolution de la pensée. Nous voici chez Freud, que le prof nous raconte comme s'il était un vieux copain, ce qui est sans doute un peu le cas d'une certaine façon. Nous cheminons par des raccourcis qui trahissent une longue habitude le long de sa biographie, nous arrêtons sur des étapes intéressantes, et toujours le cliquetis du clavier qui note, qui note, pour ne rien oublier.
12h00, enfin! C'est toujours un peu mortifiée que j'entends une partie des élèves quitter le cours à l'heure pile, parce que c'est l'heure, alors que le prof n'a pas terminé son propos. Quand il a fini, on remballe, on s'étire, on récupère nos scro-saintes feuilles de présence et on se mets en quête d'un endroit où manger. Ce midi j'ai fait repas froid, ce qui m'évite de passer la moitié de ma pause à faire la queue devant les micro-ondes. Le soleil a pointé son nez, il fait encore doux sur la pelouse. On s'y installe, on est 4, 5, puis 8, 9, 12, pleins... Chacun mange sa gamelle, on bavarde, on rit beaucoup pour évacuer la pression. On parle du passé , on chante des chansons paillardes, on se découvre les uns les autres.
13H30 déjà!? C'est l'heure du cours de Droit. Celui là je ne l'aime pas! Le Prof est pourtant super sympa! Il est très grand et a un accent africain très fort! Il est jeune et très "speed", il nous fait beaucoup participer, et il est plein d'humour... Mais rien à faire, le Droit, ça ne passe pas! Je note sans vraiment comprendre, bloquée par les mots techniques auxquels je ne trouve aucun intérêt. Je tente tout de même d'intégrer ce que je peux. Ça semble marcher car depuis quelques jours je ne regarde plus du tout les infos de la même façon, j'ai le sentiment de mieux comprendre le fonctionnement du monde qui m'entoure! Les élèves questionnent, parfois il y a quelques longueurs. La journée commence à être longue. On branche la 3G des téléphones pour surfer entre deux chapitres. Mes nerfs commencent à être tendus et je me sens vraiment fatiguée. C'est fou de se sentir comme ça sans bouger de la journée! Mon cerveau renâcle et réclame de se reposer... Ca tombe bien, c'est la pause!
15H30 encore un café! On parle et moins et on rit moins, on est tous fatigués. On ne s'éternise pas, il faut y retourner. C'est difficile de rester concentrée quand je ne comprends pas le cours, que je suis fatiguée, et que l'heure du week end arrive... Je note pourtant scrupuleusement chaque mot que le prof prononce, dans l'espoir de mieux intégrer en relisant mes notes à la maison. Je ne peux pas m'empêcher de laisser mon esprit vagabonder. Souvent, j'observe la façon dont les profs mènent leur cours, et la réaction de la salle en retour. En Droit, je suis toujours très admirative de la maîtrise que le prof a d'un sujet auquel je n'entend strictement rien. Mon cerveau est réfractaire aux mots employés. Lui les manie avec facilité, nous parle à toute allure des subtilités du droit et de la politique. Qui gouverne qui, qui décide quoi, quel statut régit quoi...
16H50 nous sommes à peu près tous fébrile. Le prof le sent. Il nous permet de partir... La course contre la montre du soir commence! Je sors, la pluie s'est mise à tomber. Je fais l'erreur de revenir sur mes pas pour demander un renseignement à Marie avec qui je suis déléguée. Je pers quelques précieuses minutes qui me font rater le bus sous mon nez. Il me faut attendre 17 minutes pour le suivant : adieu train de 17H15! Le soir, le bus est toujours bondé. On commente d'une voix lasse les cours de la journée. Il pleut, ça bouchonne, le bus mets une éternité à faire son trajet. Je rate aussi le train de 17H30 que je ne manque presque jamais d'ordinaire. Ca valait bien la peine de quitter plus tôt!
17H45, je suis dans le train. Je suis vidée. Trop vidée même pour lire ou écouter de la musique.
18H20 à l'école des loulous, trempée. Ma petite caille se rue dans mes bras, comme chaque soir, en criant "mamaaaaan!" Ma petite bulle d'énergie et de douceur, je la serre contre moi. Et voici venir mon grand garçon! "Salut maman!" Qu'il a mûrit mon Cédric! Il me questionne sur ma journée, je le questionne sur la sienne, et Camille essaie vaille que vaille d'obtenir elle aussi sa part d'attention.
18H45 ma seconde journée commence à la maison...

16 septembre 2012

truisalide...


Allez je me force un peu le popotin pour te donner des nouvelles, cher lecteur, mais j'avoue que j'ai un peu du mal à remettre mes idées en place tant j'ai l'impression d'être prise dans un tourbillon d'informations, de connaissances et de recherches en tout genre!

Tout d'abord, ma formation est tout simplement géniale! Plus que complète, je n'apprend pas seulement des choses, je me transforme petit à petit en travailleur social... J'ai l'impression d'être une (grosse) chenille qui tisse sa chrysalide pour se transformer en EJE...

Ce n'est pas sans heurts bien sûr, et ceux qui me suivent sur FB ont certainement remarqué que je passe beaucoup de temps à me plaindre du rythme, des profs, des cours... Mais à toi je peux le dire, cher lecteur, mais chut! Ne le répète pas! Si je disais combien je suis heureuse à chaque seconde d'avoir la chance de poursuivre de telles études, on se dirait "ouah, trop fastoche!" et ma démarche n'aurait plus rien d'héroïque! Non?

D'abord j'ai deux enfants merveilleux qui ont vu leur vie et leurs habitudes bouleversées et ont suivi le mouvement sans rechigner du tout! Ma Camillette est passée de 24/24 avec maman, et 3 1/2 journées par semaine à la halte garderie à 7H45 - 18H15 à l'école tous les jours, qui n'était pas bien fière de sauter le pas et pourtant s'est retenue courageusement de verser une seule larme, même si certains matins il faut que je pousse un chouïa son petit derrière pour qu'elle rejoigne ses copains. Sa maîtresse la dit "Pétillante, toujours partante, a très bien compris les espaces et les règles, et un peu chipie" Camille, quoi! Mon grand Cédric a grandit d'un coup! Du CE1 au CM1 sans passer par la case CE2, il s'est très vite adapté à cette nouvelle situation, et, bonheur suprême, me dit être content d'aller à l'école! Qu'ils sont doux à mon oreille ces mots tant attendus depuis sa moyenne section! Il me dit se sentir à sa place, aimer sa maîtresse et ses copains, bref! Je n'ai vraiment aucune inquiétude pour eux quand je pars à mon tour à l'école chaque matin!
Ensuite, j'ai un amour de chéri qui commence doucement à réaliser l'ampleur de mon travail et ce qu'il représente, et son regard sur moi me réchauffe plus que tous les résultats de concours du monde!

A l'école, j'ai un vaste réseau de + de 700 connaissances/amis/soutien potentiel... Le maître mot est l'entraide et chacun est ouvert aux autres, ce qui est très agréable à vivre... Il y a quelques préférences bien sûr, quelques groupes, mais tout le monde est très attentif aux autres et l'on peut s'assoir à la table de quasiment n'importe qui sans se sentir de trop. De quoi se senti bien entourée! J'ai déjà un petit réseau de personnes que je connais un peu mieux, avec qui je prend le train tous les jours ou avec qui je me retrouve en cours ou à la pause déjeuner.

Les cours sont ultra intéressants! Oui, "ultra"! Et surtout ultra variés! Je fais du droit, de la sociologie, des sciences politiques, de l'économie, de la psychologie, de l'histoire des sciences sociales et des institutions sociales, on travaille aussi beaucoup en groupes, groupes qui changent constamment ce qui nous permet de vraiment apprendre à s'adapter aux autres...
Contrairement à ce que l'on nous avait dit à la réunion de pré-rentrée, je ne trouve pas ce système confus ni difficile à comprendre, bien au contraire! Les personnes avec qui j'ai partagé ce ressenti pensaient la même chose. On se rend très vite compte de l'importance du statut de travailleur social avant la spécialisation en filière... Tous ces cours si différents s'imbriquent très vite les uns dans les autres, et la sociologie imprègne toutes les matières.
Les profs ont tous des pédagogies très différentes, parfois très éloignées les unes des autres. Par moment c'est perturbant, et même contrariant. J'ai même été trouver l'un de mes profs en fin de cours pour lui dire que son cours était vraiment impossible à suivre...

Je suis entourée de beaucoup de jeunes, bien sûr, j'ai l'impression de passer mes journées avec mes nièces, lol! Mais c'est plutôt sympa! Je ne peux pas m'empêcher d'être parfois un peu maternante, mais le plus souvent je me sens sur un pied d'égalité avec tout le monde, et j'adore ce mélange des genres et des personnalités!

Voilà un petit tour d'horizon pour toi, cher lecteur, je rentrerai peut être dans les détails une prochaine fois, ou peut être pas car je ne sais pas dans quelle mesure je peux m'exprimer comme ça "en public" sur ma formation ;)

20 août 2012

éduca'truiss - tome 1

Oh non, je n'ai rien raconté ici, il va falloir que je reprenne tout depuis le début!

Boah c'est pas grave, ça me servira à faire le point...

Pour commencer, le traditionnel méaculpa "pardon cher lecteur blablabla je suis une grosse vilaine blablabla j'ai pas posté depuis des mois blablabla je vais me flageller avec des orties fraiches, amen."

Bon, ça, c'est fait.

Les personnes de mon entourage proche ou forumien ou facebookien peuvent sauter le prochain paragraphe puisqu'elles ont déjà suivi tout ça en direct, je récapitule juste pour toi, cher lecteur suspendu à mes posts, qui attendait depuis tout ce temps des nouvelles de mes bourrelets et de mon avenir professionnel. Car c'est de ça qu'il s'agit, foi de truie!
Bon, assez de dis-graisse-ions.
Tu te souviens cher lecteur, de quelle façon j'ai lamentablement échoué au concours d'entrée aux études d'auxiliaire de puériculture? Je crois que je ne m'en étais pas trop vantée mais que j'avais du t'en toucher un mot vite fait...
Après cette regrettable mésaventure qui avait quand même eu le bon ton de me remettre l'égo à l'endroit, j'avais cherché comment me préparer mieux pour le repasser une seconde fois.

Mademoiselle pôle emploi qui était ma conseillère de l'époque m'avait enjoint de ne pas rester glander chez moi pendant ce temps et d'aller me renseigner un peu mieux sur la réalité du métier, ce que j'essayais un peu d'éviter car je sentais bien que c'était pas tout à fait exactement ce qui me correspondait. Mais je pensais ne pas avoir trop le choix si je voulais pouvoir travailler dans la petite enfance. Quelle erreur! En discutaillant de droite et de gauche et en visitant un forum des métiers de la petite enfance (en vrai, pas sur le web!) je découvrais alors un autre métier que je ne connaissais pas du tout : éducateur de jeunes enfants.
Quand je poussais un peu plus loin mes recherches, je me dit qu'il était impossible que pôle emploi me finance cette formation : d'abord elle dure trois ans, et ensuite ce métier, c'était juste trop beau pour être vrai...
Histoire d'en savoir plus, je me procurait le livre de Daniel Verba "le métier d'éducateur de jeunes enfants", et au fil des pages j'allais de surprise en surprise! Sans en rajouter des caisses (ce n'est pas mon genre, voyons!), ce que j'apprenais allais au delà de mes espérances! Je n'arrêtait pas de me dire "ce n'est pas possible, ce métier n'existe quand même pas pour de vrai!?"

Il faut dire que je m'étais fait jusque là une image des métiers de la petite enfance pas forcément très reluisante. Je m'excuse platement d'ailleurs auprès de mes collègues AP, EJE, ass mat, soignantes de tout bord, car j'en avais pourtant rencontré de formidables (notamment à la halte garderie), mais je m'étais figurée que les formations aux métiers de la petite enfance se bornaient à vous expliquer comment passer une lingette sur les fesses de bébé dans le sens des aiguilles d'une montre, en tenant les petits petons dans une main, la lingette dans l'autre, la couche entre les dents, un pied sur la pédale de la poubelle, et surtout surtout mesdemoiselles-messieurs, on essuie d'avant en arrière et non l'inverse sinon on répand de vilains miasmes sur le petit choubiboubidouwouah de bébé...
Que l'heure de la sieste c'est l'heure de la sieste et pas avant ni après, parce que sinon mesdemoiselles-messieurs on ouvre la porte à toutes les fenêtres et ces petits chérubins tout mignons attraperont la "tyrannite aigüe" doublée du syndrôme bien connu de "l'enfant roi" et alors non, pas de ça chez nous! Les parents risqueraient de nous intenter un procès lorsque leur petit ado se fera pécho entrain de chourer des bonbecs, des oeufs ou des boeufs à la supérette du coin!
Que pour le bon équilibre alimentaire de bébé il faut lui faire manger 3,8g de viande avec 5 fruits et légumes par jour estampillés blédi-nez, sans oublier de copieusement engraisser l'industrie laitière, parce que mesdemoiselles-messieurs le petit d'homme a pour bien grandir un besoin in-dis-pen-sable de consommer du lait de vache à chaque repas, sinon houlala il n'aura aucune source de calcium et il sera rachitique, alors pour éviter ça nourrissons-le du fluide organique tiré des mamelles de Marguerite la vache, initialement destiné à faire prendre 400kg en 2 ans à son veau et joyeusement enrichi en vitamines, minéraux, pesticides et antibiotiques essentiels à sa croissance... (et je ne suis même pas une militante extrémiste bobo faucheuse d'OGM, nourrie au grain et lutant pour la cause animale, moi aussi j'en consomme plein du lait, et moi aussi je suis en surpoids!)...
Que bébé il ne faut pas trop le prendre dans ses bras, ça lui donne des Mauvaises Habitudes, et faut le laisser pleurer 5 minutes, puis 10 puis 15, puis ainsi de suite exponentiellement jusqu'à ce qu'il ait bien compris qui c'est le chef à la crèche, non mais! Les parents sont trop faibles, nous on est de Professionnels, mesdemoiselles-messieurs, on SAIT!
Et puis des temps d'éveil, c'est important! Une fois vérifié le diamètre règlementaire des balles en plastiques, on mettra à disposition de ces petits bouts trop choupinous tout le matériel nécessaire pour qu'il fasse ses Acquisitions en temps et en heure, parce que bon faudrait pas qu'il soit En Retard une fois arrivé en petite section de maternelle, parce qu'alors là ça rigolera plus, il y a un Programme à respecter, et faudrait pas que les parents accusent la crèche de ne pas avoir appris les 1200 mots que sont censés connaître les enfants de 3 ans, assortis des 12 comptines, 5 couleurs et 9 chiffres attendus pour la rentrée des classes! Voyez comme j'étais gorgée d'idées reçues!

A se demander pourquoi j'avais tant besoin de travailler dans la petite enfance, hein?
Là encore je dois avouer humblement que ce n'était pas nourrie d'idéaux sur mon rôle essentiel dans l'épanouissement de la prochaine génération de l'humanité que je m'étais lancée dans ce projet, mais parce que c'était ça ou "tout ce que je peux vous proposer madame c'est mise en rayon ou restauration rapide, c'est même pas la peine que je vous présente d'autres annonces, vous n'êtes pas assez qualifiée..."

Oui, je l'avoue publiquement. Je ne suis qu'une sale égoïste vénale. Je voulais fuir mademoiselle pôle emploi au plus vite et avec le moins de dégâts possible pour mon amour propre, et pour cela il me fallait un Métier. Et pour avoir un Métier, il me fallait une Formation. Et pour obtenir une Formation chez Pôle Emploi vous n'avez pas 36 solutions. Si vous vous accrochez à vos idéaux d'adolescent "quand ch'rai grand ch'rai pompier-metteur en scène-styliste de mode avec des poneys" vous avez 0% de chance d'obtenir l'autorisation de mademoiselle la conseillère, et je ne parle même pas de financement...
Vous pouvez toujours tenter d'être un peu plus raisonnable et de choisir un métier pas trop chiant et pas trop loin de vos compétences genre secrétaire-standardiste ou assistante de cabinet médical ou même conducteur de trans-palette... vous avez à peu près une chance sur 12 d'obtenir l'autorisation de faire votre formation en restant inscrit à pôle emploi mais en vous auto-finançant... Après que mademoiselle la conseillère de pôle emploi vous aura ri au nez et menacé de vous couper les vivres si vous continuez à lui demander de vous financer vos projets irréalistes, vous pouvez toujours tenter de braquer le directeur de votre agence après avoir kidnappé ses enfants et séquestré sa femme, mais je ne crois même pas que ça marche...
Sinon vous pouvez vous lancer dans la stimulante entreprise de constituer un dossier en béton pour accéder au saint-graal des quelques rares formations autorisées et financées par le pôle emploi. Ces formations concernent une petite poignée de métiers dits "en tension", c'est à dire que mesdemoiselles-messieurs les conseillers de pôle emploi n'arrivent pas à fournir autant de candidats qu'il y a d'annonces pour ces métiers.

Alors vous commencez par vous convaincre qu'auxiliaire de puériculture est votre unique rêve depuis vos 5 ans (même si vous avez pleuré plus d'une heure le jour où on vous a offert votre premier poupon à votre anniversaire).
Que le fait que vous ayez envie de balancer vos propres enfants du haut d'une falaises plusieurs fois par jour n'entrave en rien votre enthousiasme pour la pratique des soins aux petits enfants le restant de vos jours.
Que le fait que vous trouviez le principe punition-récompense contre-productif, que vous avez préféré dormir avec vos enfants que les laisser pleurer tout seul dans l'obscurité, que vous les avez nourri de votre lait ("baaaah, mettre son SEIN dans la bouche d'un bébé c'est ré-pu-gnant!"), que vous essayez de respecter un minimum son rythme physiologique et que vous refusez de le coller devant la collection "baby Einstein" 10h par jour, j'en passe et des meilleures, ne vous empêchera pas d'appliquer scrupuleusement le protocole quand vous bosserez en collectivité.

Après quoi vous présentez votre projet en béton armé à la conseillère, qui le valide du bout des lèvres, et vous échouez au concours d'entrée.
Il ne vous reste plus alors qu'à suspendre votre partenariat avec pôle emploi et à prendre un congé parental pour vous occuper de vos propres enfants et peaufiner votre projet de réinsertion par vos propres moyens.

C'est ainsi que j'ai été amenée à découvrir le métier d'éducateur de jeunes enfants. D'abord, m'occuper de mes enfants en ayant le statut de "mère au foyer" et non de "chercheur d'emploi", a été vraiment important pour moi. Et sachant le projet que j'avais en cours, tout ce "concours de circonstances" m'a fait vivre et voir les choses sous une autre perspective... Procrastineuse comme je suis, vous imaginez bien que je n'ai pas bûché comme une dingue jusqu'au jour du concours... J'ai commencé à imprimer des méthodologie de résumé de texte une semaine avant la date de l'écrit, et je les ai lus frénétiquement la veille puis le matin dans le train.

Ce jour là j'étais malade comme une truie et totalement en état second. Je n'arrêtais pas de penser au concours d'AP où j'étais allée le nez au vent, persuadée que je l'aurait finger-in-the-nose parce que bon haha, c'est du niveau CAP, faut pas déconner! Je me suis dit que j'étais folle, qu'il y avait grosso modo 1/2 millier de candidats pour 40 places au final, et que ce concours était réputé pour être plus difficile que celui d'AP...
Mais comme j'ai une formidable propension à mettre la réalité dans ma poche et mon mouchoir par dessus, je me suis mise en "mode automatique" et j'ai tenté de faire comme si c'était possible quand même, qu'avec 39°c de fièvre et une préparation toute symbolique, qu'avec mes 15 années sans faire fonctionner mes neurones, je puisse passer le cap de l'écrit.
Mais je l'ai passé.
D'abord j'étais plus heureuse que stressée une fois dans la salle. J'étais dans l'IRTS, dans l'école où je voulais étudier, et je me disais que rien que d'être là c'était déjà génial. J'avais quand même potassé le côté "technique" du résumé de texte et je pensais pourvoir faire un travail correct, sachant que pour passer à l'étape suivante il fallait la moyenne. Pour la dissertation, alors qu'au lycée c'était vraiment ma partie, j'étais moins confiante car moins certaine de ce qu'on attendait de moi. Je me souvenais de mon bac de français où j'avais fait un contresens sur le sujet et du coup complètement foiré, et j'avais peur de mal comprendre ce qu'on me demandait. J'ai respiré un coup, avalé un x-ième cachet d'aspirine, et je me suis dit "lance toi, ne te demande pas ce qu'on attend de toi car si tu te plante tu t'en voudras. Fais ce que t'inspire le sujet, sois toi même, fais toi plaisir!" Ca parait con mais c'est pas simple quand on sait qu'on aura pas d'autre chance.
La plupart des candidats passent le concours dans plusieurs écoles pour maximiser leurs chances. La plupart des candidats vivent chez leur parents et savent qu'ils pourront retenter le concours l'année suivante s'ils ne l'ont pas du premier coup. Moi je n'avais qu'un seul essai, une seule école et une seule et unique fois.
Le sujet était génial, il fallait disserter sur un article qui parlait de l'attachement à ses racines géographiques. J'ai fait l'impasse sur la forme dont je ne gardait qu'une vague idée du protocole du temps du lycée. J'ai pris le temps de faire un brouillon car je sais que j'ai tendance à être désorganisée et que pour rendre un travail un minimum construit, c'est mieux. Bref, je me suis appliquée, chose qui ne m'est pas toujours naturel comme vous le savez...
Et je l'ai eu.
Je l'ai eu avec la note de 17/20. C'est à dire que je ne pouvais même pas faire semblant à moi même que c'était un coup de chance ou un moyen pratique pour l'école d'encaisser mon chèque d'inscription à l'épreuve orale. Le jury avait validé ET apprécié mon travail.

Pourtant je n'étais pas vraiment confiante pour l'oral. J'avais la pression parce que tout le monde autour de moi semblait tenir pour acquis que je l'aurais. Moi je pensais aux 40 places et au nombre de candidats. Au nombre de personnes rencontrées sur la toile ou aux stagiaires de la ludothèque qui l'avaient raté plusieurs fois. A l'oral on ne peut pas tricher. On ne peut pas se cacher derrière une facilité d'écriture. Il faut s'être sérieusement préparé,  s'être introspecté, être capable de répondre à toute question sur ses motivations. On ne peut pas se présenter à l'oral en disant "j'avais pas grand choix pour trouver du travail, alors je me suis dit eje c'est pas mal". Je savais que pour réussir le concours il fallait que je sois là pour autre chose de plus profond, de plus sérieux... Je remercie grandement l'école de nous avoir demandé un énorme dossier de motivation écrit pour le jour de l'examen oral. Moi qui manque cruellement de méthodologie ça m'a vraiment aidée à me préparer.

Le jour J, j'étais comme pour l'écrit (mais pas malade cette fois!), j'étais presque euphorique. Je n'arrêtais pas de me dire que quelle que soit l'issue du concours c'était une sacrée chance (dans le sens d'opportunité) d'être là, que je devais savourer ce moment, cette occasion qui m'étais donnée de peut être changer le cours de ma vie! Je me rappelle la psychologue qui m'a reçue, et qui s'est illuminée quand je lui ai serré la main, en me disant que c'était la poignée de main la plus enthousiaste qu'elle ait reçue de la journée. J'ai défendu mon bout de gras. Ca aussi c'était stimulant. Avoir l'occasion de s'expliquer. Ne pas être jugé sans pouvoir se défendre. C'était un vrai échange, et tant la psy que l'enseignante qui m'ont reçue, aucune n'a cherché à me piéger. Elles voulaient juste s'assurer que je savais dans quel métier et dans quelle formation je m'engageais, que c'était bien ce que je voulais, que j'avais bien les compétences pour devenir un jour eje, que j'avais envisagé tous les aspects positifs et négatifs de la chose...

J'ai été admise à la 6e place. Je n'y croyais pas! Je n'y croyais pas et en même temps quelque chose au fond de moi a pris la chose sereinement. Pour la première fois de ma vie j'ai envisagé que je méritais ce que je recevais. Que ce n'était pas un coup de chance. Que ce n'était pas injuste d'avoir des facilités et d'obtenir quelque chose facilement là où les autres buchent comme des fous.
Cette fois j'avais moi aussi travaillé. Peut être pas autant que d'autres qui s'inscrivent dans des prépas ou se préparent pendant des semaines. Mais je m'étais préparée à ma façon, et sérieusement en tous cas. Je m'étais donné les moyens d'avoir ce concours et je l'avais eu. Peu importe que je sois première ou dernière sur les 40, ou même admise sur liste d'attente... l'important c'est que j'ai eu un projet, que je me sois donné les moyens de le réaliser...

L'aventure ne s'arrêtait pas là. C'était à la fois l'étape la plus difficile et la plus facile. Car le concours est un examen équitable. Défendre son projet auprès de pôle emploi l'est beaucoup moins.
Même si en théorie je savais avoir droit au financement de ma formation, il n'y avait aucune "loi" qui obligeait pôle emploi à accepter mon projet. Je me connais un peu maintenant. Je sais que j'ai du mal à demander, encore moins à exiger. Que je me sens amoindrie dans une relation hiérarchisée.
Ca n'a pas loupé.
La personne qui m'a reçu à pôle emploi m'a félicité pour le concours et m'a annoncé à regret que la commission allait probablement refuser ma demande car il ne me restait pas assez de droit d'indemnisation pour qu'on veuille me les prolonger 3 ans. Elle m'a dit que eje n'étais pas un métier en tension cette année malgré le nombre impressionnant d'annonces dans le serveur.
Je m'y étais attendue, mais pourtant j'étais anéantie. Anéantie mais aussi en colère. Sans doute parce que pour la première fois je me sentais méritante de ce que j'avais, mon envie de défendre mes droits ses révélée.
Je ne suis pas allée me cacher sous ma couette pour pleurnicher sur ma défaite. Je suis allée taper à toutes les portes, y compris à celle du Maire de ma ville.
J'ai été reçue par différents interlocuteurs qui n'étaient pas très optimistes mais ont fait leur boulot.
Au final, j'ai été reçue par une autre conseillère, qui m'a rempli toutes mes demandes comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit, et qui devant mes interrogations m'a dit "mais non, pas besoin de commission, EJE est un métier en tension, quels que soient le nombre de jours qu'il vous reste de droits, vous bénéficierez de l'allocation de formation pour aller jusqu'au bout."

J'avais envisagé à la fin de m'autofinancer. De prendre un crédit pour vivre trois années. Je VOULAIS faire cette formation, parce que je VEUX être EJE. Je PEUX être une bonne professionnelle dans un métier dont les valeurs me correspondent et dont je possède les compétences. Je peux avoir une vie professionnelle qui ne soit pas due aux hasards de l'embauche mais déterminée par mon bagage et mes compétences.

 La rentrée, c'est le 3 septembre. J'ai hâte et peur à la fois. Le rythme va être effréné. Je vais devoir gérer ma vie de mère et ma vie d'étudiante, avec des horaires qui ne seront pas toujours facile puisqu'il y a de nombreux stages. Mais je peux y arriver, j'en ai les capacités, mais je suis aussi très bien entourée. Je sais que je suis beaucoup soutenue par mon entourage dans cette entreprise et ça aussi ça faisait partie des conditions indispensables à ce projet : savoir évaluer mes propres limites et savoir demander de l'aide pour palier à ce qui me fait défaut...

Voilà mes nouvelles aventures d'éducatruiss que je vais tenter de vous faire partager si j'arrive à ménager un poil de temps pour tenir mon bleug à jour! A très bientôt cher lecteur! j'ai encore deux livres à finir pour la rentrée!

14 avril 2012

ma plus belle histoire d'amour...



C'est ce petit ange blond qui s'est niché en moi et a ouvert ses yeux sur le monde il y a huit ans tout rond!

Et en ces huit années il a traversé plus d'épreuves que certains en toute une vie. Il les a traversé avec un courage et une maturité peu communs.

On t'a cousu la bouche, mis des manchons aux bras, plâtré, attellé les pieds, emmené chez le kiné, l'orthophoniste, l'orthodontiste, l'orl, le psy, les chirurgiens, les radio, et autres examens. On t'a demandé d'être sage à l'école, de te brosser les dents le soir, de faire des devoirs... On t'a demandé d'ignorer les quolibets...
Et tu as relevé tous ces défis mon Cédric! Huit ans, mon dieu huit ans! Et toute la sagesse du monde dans les yeux, toute l’espièglerie aussi... Tu trouve encore le temps d'être un enfant, de t'amuser, de provoquer, de bavarder, et de rêver...

Avant de te découvrir, je t'ai imaginé sous cent aspects, mais jamais je n'aurai cru que tu serai si parfait, jamais je n'avais rêvé d'être choisie par le plus merveilleux des petits garçons...

Mon Cédric, c'est un honneur d'être ta maman...


Joyeux anniversaire mon amour!


22 septembre 2011

J'pète les plombs! J'pé j'pé j'péte les plombs!

Alors d'accord y'a l'écoute active. Y'a la résolution de problèmes. Y'a tout un tas de méthodes testées et approuvées qui fonctionnent avec les enfants et nous empêchent en principe d'arriver à ce fameux "pétage de plomb" vous savez? Celui qui nous voit transformées en maman hystériques, où vous arrivez à cet état de transe, où vous vous voyez agir, hurler comme une démente, et où la colère s'auto-alimente et que même le regard médusé de vos enfants devant leur folle de mère n'arrive pas à vous arrêter...


MAIS PUTAIN BORDEL DE DIEU CA FAIT DU BIEN QUAND CA SORT!!!!


Je l'avais pressenti, d'abord. Mais difficile d'expliquer ça sans passer pour la fille défaitiste, la mère indigne qui ne croit pas en son lardon.
Ca a été la petite pierre qui roule et qui n'amasse pas mousse mais provoque l'éboulement.
Mon fils, mon lardon, ma chair de ma chair, mon neurone manquant. Je vais pas vous mentir en faisant genre que j'étais pas la plus fière, la plus extatique des mamans quand son instit de CE1 m'a dit comme ça "non mais je parle de ses capacités" alors qu'elle m'interrogeait sur une éventuelle visite chez la psychologue scolaire, où j'avais renchéri sur son comportement un peu "olé olé" en classe.
Noooon, ça ne lui posait pas de problème à la maîtresse le comportement de Cédric. Elle balayait d'un haussement d'épaules mes tentatives d'explications en disant "non mais ça c'est pas important je gère". Ce qu'elle ne gérait pas, c'était de voir un élève s'ennuyer ferme en classe. Ah ça non!
Alors elle m'a dit comme ça "vous en pensez quoi vous, d'un saut de classe?" heuuu je n'en pense heu... le plus grand bien! "Ben je sais pas moi heu, c'est vous la professionnelle" répondis-je très lâchement et très hypocritement alors que la partie, je ne sais pas laquelle en fait, mais une partie de mon cerveau sautillait sur place en criant "oui! oui! oui! ho lala la claaaaasse!"
Mais tout de suite après, voir même en même temps, une autre partie de mon cerveau (il a plein de parties mon cerveau), la grosse partie grisatre et sombre là, la rabat-joie, se mise à trembler et à envoyer des signaux à mon ventre pour qu'il se contracte de trouille.
Cette partie là me disait "non non! et si ça marchait pas!" Et elle a parlé plus fort quand la maîtresse a dit "mais il faudra qu'il se montre plus sage et plus attentif s'il passe un niveau au dessus!" et là quelque chose en moi, je l'avoue, j'ai honte, mais c'est vrai, m'a dit "c'est foutu ma vieille. Pas 5 minutes il va y rester en CE2 si c'est à ces conditions.

Mais quand même j'ai tenté d'y croire parce que malgré cette grosse partie grisâtre dans ma boite crânienne, je m'efforce d'être une fondamentale optimiste. Je me suis dit atteeeeend c'est LA solution à la plupart des enfants en avance qui s'ennuie et font le bazar. Quand on leur donne des trucs plus durs à faire ils ne pensent plus à faire n'importe nawak!

Oui mais je le connais le lardon. D'abord quoi qu'on en dise, ce n'est pas un enfant précoce, ou surdoué, ou je ne sais quoi. C'est... autre chose... Je ne sais pas s'il existe un mot pour les enfants comme Cédric.
Il pige très vite. Il peut être d'une maturité quand il s'agit de choses importante, qui m'étonne la première. Mais d'un autre côté il échappe totalement aux règles et aux contraintes. Ca lui passe au-dessus, et il ne voit aucun, aucun intérêt même avec une carotte grosse comme la tour eiffel, à se plier dans le rang. Il va toujours faire précisément le truc qu'il ne faut pas faire au moment où il ne faut pas le faire. Ca lui passe par la tête comme ça, et il est incapable d'expliquer ensuite pourquoi il agit comme ça.
Ca le dépasse autant que moi si vous voulez mon avis.

Alors bon, le CE2 je le sentait moyen. Mais j'avais envie d'y croire.

Et quand le 2e jour, l'instit de CE2 m'a dit qu'elle était navrée mais que ça n'allait pas le faire, qu'il a amplement les capacités de rester dans sa classe mais que s'il ne se plie pas un minimum aux consigne il va être largué, j'ai ressenti tout le poids du désespoir d'une maman qui ne sait pas quel carte tirer de sa manche pour trouver une solution. Le poids de la culpabilité aussi.
On se repasse le film en boucle en se disant "à quel moment j'ai loupé un truc dans son éducation? Qu'est ce que j'ai pas fait? Qu'est ce que j'ai trop fait? Et des trucs qu'on a pas fait/trop fait on en trouve plein et on se fustige et en même temps on est en colère contre cet enfant qui pinaille et qui veut pas être du même modèle que tout le monde.

Ouais ouais je sais y'a pas de modèle en vrai mais vous avez toutes ressenti ça à un moment ou l'autre non?

Alors je repars la tête basse tout en m'efforçant de la garder haute, de l'école, expliquant au lardon que c'est pas bien grave, et que la maîtresse a donné encore une chance, en essayant même plus d'y croire mais en se concentrant pour ne pas faire passer d'émotion négative à son cher bambin. Et là y'a la numéro deux là. Vous savez la petite furie qui pense du haut de ses deux ans qu'elle est comme Amélie Nothomb, Dieu. Que le monde est un vaste terrain de jeu sans lois ni règles, qu'elle explore quand elle en a envie, si elle en a envie.
La lardonne là elle a du capter un truc qui se passait et elle a du se dire, c'est à moi de porter le coup de grâce pour lui ouvrir les yeux à mon aveugle de mère! Je vais la pousser à bout, la faire exploser comme un bouchon de champagne trop secoué!

Et la vla ma p'tite mère qui se carapate en courant et en riant, sur ses petites jambes si agiles et si lestes que je n'essaie plus depuis un moment déjà de la rattraper quand elle se sauve.

Non, j'essaie plus. Et j'essaie plus pas mal de choses en fait à vrai dire. Et c'est en la regardant courir que je repense à mes dernières séances de thérapie, à cette esquisse de moi que la psy a commencé à dresser, qui se révèle dans mon esprit comme l'image d'une fille passive, d'une fille qui a si peur de se tromper, d'être mauvaise et contagieuse, d'une fille qui a depuis si longtemps laissé son destin entre les mains des autres, qu'elle n'ose plus agir.

Et avec mes enfants je n'agis pas non plus. J'observe, je tempête quand ils me semblent aller trop loin, mais je n'agis pas au quotidien. J'attends la faute pour la montrer. Je n'Eduque pas pour de vrai.

Et pourtant dieu sait que je trime pour essayer de faire bien, de comprendre, de prendre les bonnes décisions. Et ils sont là les deux monstres à faire exactement tout le contraire de ce que je veux, et la colère enfle en moi et je rentre à la maison et je me met à hurler comme une démente, à crier et à pleurer, à les abreuver de reproches et surtout à exprimer mon désarroi tout d'abord. Après quoi le flot de paroles sort de lui même. Je met à exprimer ce que j'attends de mes enfants, tout en réalisant que je n'ai jamais exprimé ces choses aussi essentielles. Et je leur dit que les choses vont changer à partir de maintenant, foi de truissia!
Et je sors les grands moyens, on se croirait dans un épisode de super nanny! Ils sont assis, ils me regardent avec des yeux de merlan frits, et là je déploie LA FEUILLE et LE STYLO et je me met à écrire des règles et même à tracer un TABLEAU avec des malus et des bonus et des carottes et des bâtons.

Et je me sens mieux, et les choses sont soudain plus claires dans ma tête. Et malgré l'émoi suscité par ma colère, je vois que c'est aussi plus clair dans la tête des mes chers bambins.

Depuis, à la maison, les choses sont soudainement plus simples. J'en réfère au tableau des règles, et grand lardon obtempère sans presque parlementer.
Petite lardonne, quant à elle, me tend sa menotte dans la rue quand je dis "on a dit qu'à partir de maintenant tu donne la main à maman quand on est dehors", et de m'agripper dans ses petits doigts et de sautiller gaiment!
Jusque là mes tentatives de "donnage de main" s'étaient soldés par des roulages par terre, la méthode du spaghetti trop mou, et les hurlements déchirants.

Alors non, mais non! Je ne prône pas la technique du "pétage de plomb" comme un outil éducatif. Mais parfois, nos propres blocages, nos propres mécanismes enclenchés depuis longtemps déjà, ont besoin d'électrochocs pour sortir de leurs rouages.

Ce jour là l'électrochoc ça a été "mon fils va rater une chance d'être bien à l'école parce que moi, sa mère, je l'empêche de parvenir à se fier aux règles."
C'est peut être pas vrai, c'est peut être me donner trop d'importance, mais je ne crois pas.

Demain, c'est le dernier jour d'essai. On verra...!

21 juillet 2011

Greffe osseuse au pays des bisounours!


Je croyais que je ne le trouverai jamais, ce pays des bisounours!

Je l'avais vu à la télé, je l'avais vu dans des écrits de mamans sur des forums, mais moi je n'y avais jamais été.

Moi quand j'emmenais mon lardon à l'hôpital, j'étais plutôt dans le cauchemar d'Alice, à la poursuite du chapelier fou...

Mais ce 21 juin 2011, j'ai poussé la porte du pays des merveilles, illustré plutôt dans les couloirs du service de chirurgie maxilio faciale par les beaux textes et images du petit prince partout sur les murs.

Au pays des bisounours, la chambre de Cédric s'appelait "aviateur". Dans ce pays merveilleux, on nous avait fait visiter le service, les chambres, les salles de soins, de jeux, et tout expliqué dans les moindre détails avant l'hospitalisation.
Dans ce pays magique, les infirmières ne courraient pas dans tous les sens. Elles étaient suffisamment nombreuses pour ne pas être agressives ni exténuées. Elles nous souriaient quand nous passions, appelaient les patients par leurs prénoms, avaient toujours un mot gentil, une petite blague pour faire sourire les petits.
Du service administratif aux employées qui vidaient les poubelles, tout le monde était gentil, tout le monde souriait, tout le monde prenait le temps de parler tout en faisant son travail avec efficacité.
A bisounoursland, la chambre aviateur était la plus belle chambre du service. Nichée dans l'angle du bâtiment, elle bénéficiait de 4 grandes fenêtres qui offraient une belle luminosité, de l'espace pour ne pas se sentir enfermé. Une télé avec son lecteur DVD. Une commode pour ranger ses affaires. Un frigo dans la table de nuit. Assez de sièges et de fauteuils pour accueillir les visiteurs. Une chauffeuse se déployant en vrai lit de camp pour que papa ou maman puisse dormir aussi. Et une belle salle de bains attenante rien que pour nous avec douche, lavabo et WC!
A bisounoursland, les infirmières bisounours avaient des tas de techniques pour s'assurer que les enfants ne souffraient pas. Des frises avec des visages, ou des chiffres, ou des couleurs. Les petits patients étaient vivement encouragés à dire s'ils souffraient.
A bisounoursland, tout était prévu pour l'alimentation des petits opérés. On leur demandait leurs parfums préférés et ce qu'ils ne voulaient surtout pas manger. On leur mixait la nourriture en potages ou en purées. On s'efforçait de disposer les plats de manière attrayante et appétissante. On s'assurait que tout allait...
A bisounoursland, le chef des bisounours venait en personne CHAQUE JOUR visiter ses patients. Il expliquait tout ce qu'il faisait. Et surtout il ECOUTAIT! Et même il s'asseyait sur le fauteuil pour prendre tout son temps. Il demandait des avis, donnait le sien, échangeait sur tous les sujets qu'on voulait aborder.
A bisounoursland, même l'anesthésiste venait expliquer son métier. Nous avons appris des choses qu'en 7 opérations nous n'avions jamais soupçonnées!
A bisounoursland, les parents sont cordialement invités à accompagner leur enfant au bloc, et à être présent à son arrivée en salle de réveil, tout le temps nécessaire.

A bisounoursland nous n'avons jamais été inquiets. Les 6 jours ont filé comme des comètes dans le firmament du petit prince. On nous a parlé, sourit, on ne nous a pas dérangé la nuit.

A bisounoursland, Cédric n'a pas souffert. Le seul moment difficile a été les longues minutes en salle de réveil, le temps de retrouver ses esprits et de doser les antidouleurs. Il ne s'est pas ennuyé, maman non plus! Les visites n'avaient pas d'horaires et ne dérangeaient pas.

A bisounoursland le chef des bisounours a fait tout le service pour chercher pour maman la clé wep pour utiliser le wifi! Si si!


Hélas bisounoursland va bientôt fermer ses portes. Service public et trou de la sécu obligent. Le gentil chef bisounours et tous ses amis vont déménager à Necker où, nous a-t-il rassuré, il s'efforcera de créer le même climat avec plus de capacités.

Nous avons bien mérité je crois, de trouver enfin la porte du pays magique où des bisounours aux doigts de fée rafistolent nos petits que la nature a abîmés. Nous en avons rencontrés des patients bisounours, avec des pathologies parfois très très lourdes...
Cédric est ressorti du pays enchanté, ravi de montrer à tout le monde sa cicatrice à la hanche, assorti d'un sourire encore plus beau qu'avant!

La greffe n'a pas fini de cicatriser, et un vilain coup de pied de Camillette l'embête un peu pour se terminer, mais tout devrait bientôt rentrer dans l'ordre, et on ne finira jamais de remercier de tout coeur le Pr Picard et son armée de bisounours, dans le service du Pr Vasquez à l'hôpital Trousseau.

19 octobre 2010

Au revoir, mon amie...

Parce que je ne peux pas ne pas écrire sur elle, parce que le temps passe sans que la peine s'allège, parce que je ne peux pas reculer éternellement...

Je dois dire ici aurevoir à Catherine.

La laisser s'en aller.

J'ai du mal encore à accepter, je dois dire. Comme si ça changeait quelque chose à la réalité...
Elle est partie.
Partie.
Plus là.
Plus de rires, plus son sourire. Plus son regard bleu perçant. Plus ses si longs cheveux blonds. Plus la canule qui modifiait sa voix. Plus son oreille attentive. Plus ses mots pertinent et impertinents. Plus sa complicité avec Cédric. Plus de "tata connerie". Plus de froncements de sourcils quand elle faisait manger ses chiens à table. Plus de promenade au château en poussant le fauteuil. Plus son numéro à appeler pour échanger des nouvelles, ragoter, raconter nos malheurs. Plus ces petits secrets rien qu'à nous. Plus ses cadeaux à gogo pour les enfants. Plus cette générosité exubérante et discrète à la fois. Plus cette souffrance silencieuse, tapie au coin de ses yeux. Plus ce changement d'humeur qui annonçait sa limite physique. Plus cette raideur qui la gagnait toujours plus. Plus cette peur de l'avenir : que va-t-il se passer? Plus peur de la contaminer avec nos microbes.
Plus de tata Catherine. Plus ma belle soeur. Plus mon amie...

Tu me manque Catherine, tu me manque tellement, tu me manque tous les jours... Tous les jours je pense à toi... Tous les jours j'ai envie de pousser des cris de désespoirs parce que je ne peux plus composer ton numéro sur mon portable pour te dire toutes ces choses que je n'ai pas eu le temps de te dire.

J'ai sur le coeur ce gros poids, cette grosse peine, cette grosse semaine moi sans toi et toi sans moi, où j'aurai voulu, où j'aurai dû être là pour te tenir la main, te réconforter, t'accompagner dans la douleur, même si tu n'étais plus dans la réalité. Ma Catherine si petite sous cette énorme peur, cette énorme douleur, cette énorme maladie qui t'écrasait sans te laisser aucune chance. Ma Catherine si grande dans ta dignité, ta gentillesse, ta maturité face aux épreuves. Tu m'as tellement appris, tellement donné, tellement apporté. Tellement partagé.
Je sais bien, je SAIS que tu n'aurai pas voulu que je te vois comme ça. Qu'il n'y avait rien de pire au monde pour toi, rien, qu'un regard apitoyé, que la preuve de ta faiblesse et de ta souffrance. Je sais que ce n'est pas forcément ce que tu aurai voulu. Mais je sais que tu en aurai eu besoin. Et je sais aussi ce lien entre nous, je sais que tu aurai accepté ma main tendue si je te l'avais tendue. Si j'avais su qu'il ne restait plus de temps. Si j'avais su que l'urgence n'était plus de te préserver de nos microbes, mais de t'accompagner, de ne pas te laisser seule et terrifiée dans cet hôpital.

Je n'ai rien pu faire. C'était trop tard. Le téléphone a sonné, et c'était fini. Et une semaine après encore seulement, je ne pouvais plus reculer pour te dire aurevoir. Te voir une dernière fois. Constater ce que mon esprit refusait d'admettre. C'était bien toi, ton corps, ton visage. C'étaient un corps et un visage morts. Tu étais partie. Et c'était injuste et dégueulasse. La vie n'avait pas le droit de te faire tout ce qu'elle t'a fait. Elle n'avait pas le droit de t'emporter de cette façon là...
J'en suis toujours à la colère. Je sais, il paraît que ça passera. Qu'ensuite je ne serai plus que triste. Je le suis déjà infiniment. La vie a perdu sa saveur, ses couleurs, son sens. Ca sers à quoi sans toi, dis moi?
Alors oui, la vie continue. On va continuer d'avancer un pied devant l'autre, et de construire des choses, des projets, de sourire et de rire, d'aimer nos enfants, et on fleurira ta tombe... Mais rien ne sera plus jamais comme avant maintenant.

J'espère qu'il existe un lieu, un temps, où l'on se retrouvera. Où je pourrai t'étreindre une dernière fois, te donner tout l'amour que je te porte et qui me fait mal chaque jours qui passe.