Non, je n'ai toujours pas lâché l'affaire malgré mon incompétence flagrante, je m'acharne toujours à essayer d'être une bonne mère!
parfois...
Quand je suis de bonne humeur, que j'ai pas mes ragnagnas, toussa toussa...
Non en fait je me rend compte que là où j'affiche mes meilleures performances c'est quand je suis au bout du rouleau et que la lutte acharnée devient au-dessus de mes forces.
Je me rappelle alors que mon fils n'est pas mon ennemi... que les tranchées que je vois dans le salon sont soit un fruit de mon imagination ou le résultat d'une semaine de procrastination (bordel partout quoi), et non le témoignage d'une guerre mondiale à la maison.
Je me souviens pourquoi je suis maman, que derrière le petit monstre qui me rend hystérique et mon pousse à bout, a existé il n'y a pas si longtemps un adorable petit garçon, et j'essaie de voir ce que l'adorable petit garçon peut avoir en face de lui qui le rende aussi insupportable!!!
Bref, c'est quand même souvent le résultat d'un épuisement doublé d'une flemme monumentale qui me fait réagir dans le "bon sens", comme quoi c'est prouvé, bien réagir est moins fatiguant que mal réagir!
Incroyable quand même, ça devrait donc être naturel!? Mais non, ça ne l'est pas!
Prenez le kiné par exemple...
Non, lâchez le kiné, c'était du figuré!
Tous les jeudi en ce moment c'est l'horreur, l'angoisse, le cauchemard absolu...
On a d'abord les 2km de trajet à pied (sous la pluie de préférence, en ce moment!) bercés de chouinement voir de braillements sur le mode "jeveuxpasallerchezlekiné jenaimarredukiné jelaimepaslekiné jemarchejecoursjesautejaipasbesoindukiné" etc etc...
Une petite pause a lieu en général quand on arrive devant le bateau-tigrou astucieusement posé devant chez Pompadour, là où ils vendent des super belles chaussures super belles... ils ont tout compris eux, ils trouvent moyen d'attirer les enfants et de les occuper pour obliger les parents à regarder leur vitrine et à ce train là, un jour, y'en a une qui finira par craquer sur cette superbe paire de Dr Marteens roses montantes...
Enfin bref y'a une pause à ce moment là, qui offre un peu de répit si on est pas à la bourre (1 fois sur 3) ou une nouvelle raison de brailler si on est à la bourre : "Cédric! on a pas le temps!" "Méééééééééé je voulais aller sur Tigrou JE VOULAIS ALLER SUR TIGROU!!!"
Une seconde pause toute aussi agréable a lieu quand on passe devant le bar derrière le cinéma et son putain de panneau publicitaire à la con pour des glaces... et TOUUUUS les jeudis, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, Cédric VEUT une glace!
L'avantage quand même (on se console comme on peut!) c'est qu'arrivés chez le kiné Cédric ne se rappelle plus qu'à l'orgine il pleurait pour ne pas y aller, puisqu'entre temps il a trouvé plein d'autres raisons de pleurer.
Enfin le résultat est le même : il chouine.
Le scénario se poursuite ensuite en général par un Cédric qui se déplace à 4 pattes sous les chaises de la salle d'attente si on est pas trop en retard, sinon c'est direct dans la salle de consult où il met sa main sur la barre qui fait lever la table d'auscultation qu'il n'a PAS LE DROIT de toucher parce que c'est DANGEREUX ce machin, mais qu'il touche à chaque fois et ne se lasse pas de faire monter/descendre/monter/descendre...
Il refuse bien entendu de monter sur la table, donc je l'y monte moi même et il hurle parce qu'il voulait monter tout seul...
Comme il est contrarié ben il déchire tout le papier de protéction qui Gildas viens juste de dérouler sur la table (en même temps je commence à me demander quand est ce qu'il va piger que c'est plus la peine d'en mettre du papier, il va finir de toutes façons en lambeaux dans la poubelle!!!), donc il se fait gronder par moi même... et là commence le pétage de plombs parce que Cédric me rit au nez et dépouille de plus belle le papier, puis comme le ton monte il se met à se marrer pour se moquer de moi, puis à cracher sur Gildas et à lui donner des coups de pieds etc etc...
ça se termine en général par une grosse engueulade quand la séance est terminée, voir une fessée quand je suis particulièrement à bout.
Maaaaaais jeudi dernier, Jérémie était avec nous. J'étais fatiguée de chez fatiguée. Il pleuvait comme vache qui truisse et j'avais pas de parapluie, j'avais mis mes tongues qui déteignent et qui sont d'un pratique pour marcher sous la pluie je te dis pas cher lecteur, j'avais qu'une envie c'était de rentrer chez moi, et je savais déjà d'avance que je m'apprêtait à vivre ma séance de torture quotidienne...
On gère des chouinements pas trop éloquents sur la 1ère partie du trajet. Arrivés à Tigrou, Cédric bien sûr n'écoute pas nos injonctions "on est en retard, il pleut, on a pas le temps", se dégage et court vers le jeux qui, heureusement, est innondé par la pluie. Mince, Cédric comprend par lui même que c'est pas la peine de monter dedans aujourd'hui...
2e partie du trajet Cédric réclamme sa glace que je lui refuse comme d'habitude, mais son père lui dit qu'on en a au congélateur et qu'il en aura tout à l'heure... Cédric râle parce qu'il la voudrait tout de suite mais il râle déjà moins que d'ordinaire...
Là j'ai la riche idée (entend stupide idée cher lecteur) d'annoncer à Cédric que j'ai un BONBON dans ma poche et qu'il l'aura s'il est sage chez le kiné!
Bouuuuh quelle horreur le chantage au bonbon, berk! berk! c'est affreux je sais et ça ne sers en plus strictement à rien car j'ai bientôt droit à la litanie inévitable : "je veuuuuuux mon bonbon tout de suite je suis saaaaaage là! tu vois maman je suis saaaaaage là!"
Nous tenons bon jusqu'au cabinet, on est bien en retard (et moi je suis bien mouillée), on est pas dans la même salle que d'habitude mais une ou on va moins souvent, avec une table qui ne se lève pas, ouf! encore un conflit d'évité! Cédric se retrouve quand même en larmes sur la table parce qu'il veut son bonbon toutdsuiiiiite!
J'essaie de le débarrasser de son pantalon mouillé pendant qu'il pleure tout ce qu'il sait puis, me rappelant que j'ai non pas un mais DEUX bonbons dans ma poche je lui en donne rien : oui, j'ai CEDE!, que la foudre du jemenfoutismeaucunelimitequelleeducation! s'abatte sur moi, ben oui j'ai cédé, et je n'en conçoit aucune honte, parce qu'au départ la connerie c'est moi qui l'ai faite, c'est moi qui ai eu tort de lui parler de ce bonbec à la con et de lui donner envie avec... et puis je le redit, l'éducation n'est pas une bataille rangée où l'un cède et l'autre gagne... je ne crois sincèrement pas même si souvent ça y ressemble.
Bref, tout ça c'est joli sur un blog, mais j'avais "papa" à ma droite et Gildas en face qui n'en pensaient pas moins, eux...
Ils se sont cependant abstenu de tout commentaire déplaisant étant donné la situation, ils comprenaient fort bien que je capitulais.
Comme je ne suis pas à moitié bête, j'ai expliqué pour me justifier à Cédric qui je lui en donnait un maintenant parce qu'en fait j'en avais DEUX!
Oui hein, faut être con quand même!
Evidemment cédric me réclamme à corps et à cris illico le 2e...
hin hin hin
en coeur, les deux hommes de la salle s'écrient "ah non!" et je vois déjà se dessiner sur le visage de ma progéniture l'ébauche d'un hurlement idigné.
Une lueur d'espoir et quelques lignes de "parler pour que les enfants écoutent..." me traversent alors et je coupe tout à trac en m'écriant presque hystériquement :
"ah bon et tu le voudrais à quoi ton bonbon?"
Intense concentration de Cédric (yes! yes! Il ne pleure pas! ça marche!), il le veut à la fraise, puis non, au citron... je lui propose un bonbon aux épinards puis aux crottes de nez, et c'est parti pour la rigolade... cette fois non seulement cédric rit au lieu de pleurer, mais en plus il rit avec moi et non DE moi :)
Ensuite je roule un bout de papier (que Cédric avait arraché un peu plus tôt de la table...) en boule et non jouons à nous donner des bonbons...
ah! Merveilleux stratagème que l'imaginaire! Je le sais! Je l'ai testé et approuvé plusieurs fois! On évite la frustration en inventant la situation...
On est restés sur ce mode là toute la séance, y'a eu quelques accrocs, mais dans l'ensemble c'était une bonne séance!
Je suis sortie de là, bien sûr, complètement vidée mais contente!
Je me remet donc à être plus à l'écoute de mon lardon et, suivant les conseils avisés de ma soeur Barbara, dont je suis une fervente admiratrice, je décide de prendre le temps plus souvent de m'asseoir avec cédric à la maison pour qu'on joue ensemble... partager ses jeux, partager ses découvertes, être témoin de son habileté... je sais que c'est ce qui manque à cédric.
Non pas que je ne m'en occupe pas, mais je m'en occupe de 1000 autres façons et je ne prend pas ce temps là. Et quand je le prend, je me montre hyper exigeante, c'est horrible! et c'est plus fort que moi! Le moindre échec m'agace et je ne peux m'empêcher de le lui faire sentir. C'est pourquoi j'avais opté pour éviter ces situations histoire de ne pas lui donner de complexes ou quelque chose comme ça...
Du coup il doit se dire qu'il ne m'intéresse pas...
Ah bravo!
Ce matin, à l'école, la maîtresse m'accueille par un "il est pareil chez vous qu'ici?" "heu... oui, certes!"
La maîtresse me parle un peu de ses difficultés à contenir cédric et à lui faire respecter les règles de vie et l'autorité, ça va elle est pas fâchée fâchée, à priori c'est loin d'être le plus terrible, mais il est vraiment obstiné et dur à canaliser. Elle me dit même avec amusement qu'il grogne quand elle le gronde... ça va elle a du bol moi il me hurle dessus et me crache dessus...
Fière de mon nouveau changement de cap avec Cédric, je lui dit alors "oui mais ça va un ptit peu mieux depuis que je prend plus de temps pour jouer avec lui... donc vous savez ce qu'il vous reste à faire! Vous vous asseyez dans un coin et vous jouez aux petites voitures avec cédric! voilà, bonne journée!"
gniéhéhé!
ça va hein la maîtresse a beaucoup d'humour... M'enfin son carnet d'évaluation est éloquent quand même!
Bref, je ne sais pas pourquoi c'est si compliqué de faire simple, mais je compte bien persévérer! Foi de Truiss!