21 septembre 2012

éducatruiss' - tome 2

Il y de l'écho sur mon blog et sur mon mur FB en ce moment, mais comme je dois tenir à jour mon "récit de formation" pour l'irts, je me dit qu'écrire sur mon blog est une bonne façon de garder la trace des jours qui passent...

Aujourd'hui, je vais t'emmener avec moi pour une petite journée à l'irts, cher lecteur, si tu as envie d'être du voyage!

Il est 6h20, le réveil sonne... trop tôt bien entendu! J'ai les yeux lourds de sommeil, je cherche mes chaussons à tâtons, sors sans bruit de la chambre et tente de ne pas faire grincer le parquet sur le trajet de la salle de bains.
Une bonne douche chaude me réveille peu à peu... Je profite de ce petit laps de temps de solitude du matin, me pomponne un peu, pas grand chose, mais un petit peu...
Puis je réveille les enfants... Je ne manque pas de remarquer et de me réjouir chaque jour qu'il ne me soit pas besoin de les tirer du lit de force, de ne pas essuyer de râleries, de refus, de parlementations. Ça me change de l'an dernier où pourtant je les levait bien plus tard, quand Cédric refusait de sortir du lit, ronchonnait, pleurait, criait que l'école c'était "trop nul" et qu'il n'irait "plus jamais"!
Les enfants se lèvent, j'aime bien ce moment où ils sont encore ensommeillés, pas trop bruyants, où Camille me fait de gros câlins tout chauds.
Les enfants s'habillent, puis petit déjeuner et dessins animés pendant que je rassemble mes affaires, fait un brin de ménage vite, vite, prépare ma gamelle pour le midi.
7h30 allez, allez! On y va les enfants! Dépêchez-vous! Camille trottine au bout de ma main, Cédric bavarde, intarissable, le jour se lève. Un bisou à Cédric et bonne journée! Il est déjà parti dans les couloirs de l'école... Interphone de la maternelle "bonjour, j'amène Camille!" Vite vite on se presse vers l'étage, j'accroche le petit cartable et le manteau, un bisou de ma poulette, elle part, puis revient, rituel tous les matins, et re-bisou-câlin, et c'est parti, la journée commence!
Ça y est, je suis seule avec moi-même, ma journée à moi débute. Je sors les écouteurs, et je marche au pas de course vers la gare pour attraper le train de 8h05. Je suis toujours en avance. 3e wagon pour retrouver les copines de promo, on papote, on se raconte notre soirée de la veille, on pronostique les cours de la journée. Dehors le matin s'étire, et des langues de brume paressent dans la campagne briarde.
8h30 nous voilà à la gare de Chelles. On retrouve d'autres camarades à l'arrêt de bus. On est tous encore un peu endormis, on sautille, on se tasse, les matins d'automne sont frisquets... Le bus arrive et nous achemine, la route est fluide le matin, en une poignée de minutes nous sommes à destination, on s'invective, on rit un peu, on se réveille...
8H45 je passe le portail de l'IRTS, retiens mon souffle sur le perron envahi de fumée de tabac. La machine à café, mon graal du matin! Un coup d'oeil au panneau d'affichage pour trouver le cours du matin. "Amphi gym" aujourd'hui, pour le cours de Santé publique. Estelle et Katia, comme toujours sont déjà là, et me gardent gentiment une place. Pas envie de me contorsionner pour passer derrière elle, je m'installe à la table d'à côté près de Cristelle et Marie.On papote un peu, on sors qui ses feuilles, qui son ordi. Pour moi ce sera ordi, je suis bien incapable d'écrire à la main pendant 3h d'affilée! Le cours commence, la matinée s'allonge, s'allonge... Il faut se concentrer, comprendre et noter les informations essentielles. Je me surprend encore très souvent à avoir du mal à croire à ma "bonne fortune", d'être là à écouter ces éminents professeurs d'université, j'apprend tant de choses différentes! Ce matin, c'est un cours que j'aime bien, mené par un vieux monsieur qui a sans doute des choses bien plus intéressante à faire, après une telle carrière, que de faire cours à des "première année", des bleus, qui ne comprennent pas forcément toute l'étendue de la matière qu'il maîtrise, et qui sont parfois inattentifs voir indisciplinés! Imperturbable, il nous raconte, argumente et nourrit d'exemple, par moment un peu espiègle il glisse une petite plaisanterie. Il a la patience des personnes qui ont bien vécu, il ne perd pas le fil de ce qu'il fait, ne peste pas contre l'ordinateur qui saute les pages de son cours, ne se fâche pas contre les élèves qui bavardent... Il tance parfois, avec une pointe d'humour, rarement de l'agacement, ne s'éternise pas et retourne à son récit. Libre à ceux qui veulent apprendre de se suspendre à ses lèvres. Il me faut souvent réprimer un bâillement. Le cours m'intéresse, mais les heures sont longues, assise sur ma chaise. Mon regard se perd du côté de l'horloge, mon esprit s'égare à compter les minutes avant la pause, et puis retourne à mon écran où défilent lignes et paragraphes d'un savoir qu'il va me falloir intégrer chaque jour un peu plus pour obtenir mes partiels.
10h30 c'est la pause! On se bouscule un peu pour être les premiers aux toilettes sous peine de passer sa pause à faire la queue. Puis même scénario à la machine à café. Certain courent à l'administration poser des papiers, d'autres se dépêchent de téléphoner, beaucoup partent fumer. A peine le temps de dire ouf, mon café et moi sommes de nouveau dans l'amphi, ambiance raclements de chaises et bavardages à bâtons rompus. Et puis le prof annonce sa reprise, laisse planer quelques secondes et poursuit son cours. Peu à peu les voix se taisent, l'attention se reporte sur le sujet du cours. On parle de maladie mentale, de perception de la médecine et de l'évolution de la pensée. Nous voici chez Freud, que le prof nous raconte comme s'il était un vieux copain, ce qui est sans doute un peu le cas d'une certaine façon. Nous cheminons par des raccourcis qui trahissent une longue habitude le long de sa biographie, nous arrêtons sur des étapes intéressantes, et toujours le cliquetis du clavier qui note, qui note, pour ne rien oublier.
12h00, enfin! C'est toujours un peu mortifiée que j'entends une partie des élèves quitter le cours à l'heure pile, parce que c'est l'heure, alors que le prof n'a pas terminé son propos. Quand il a fini, on remballe, on s'étire, on récupère nos scro-saintes feuilles de présence et on se mets en quête d'un endroit où manger. Ce midi j'ai fait repas froid, ce qui m'évite de passer la moitié de ma pause à faire la queue devant les micro-ondes. Le soleil a pointé son nez, il fait encore doux sur la pelouse. On s'y installe, on est 4, 5, puis 8, 9, 12, pleins... Chacun mange sa gamelle, on bavarde, on rit beaucoup pour évacuer la pression. On parle du passé , on chante des chansons paillardes, on se découvre les uns les autres.
13H30 déjà!? C'est l'heure du cours de Droit. Celui là je ne l'aime pas! Le Prof est pourtant super sympa! Il est très grand et a un accent africain très fort! Il est jeune et très "speed", il nous fait beaucoup participer, et il est plein d'humour... Mais rien à faire, le Droit, ça ne passe pas! Je note sans vraiment comprendre, bloquée par les mots techniques auxquels je ne trouve aucun intérêt. Je tente tout de même d'intégrer ce que je peux. Ça semble marcher car depuis quelques jours je ne regarde plus du tout les infos de la même façon, j'ai le sentiment de mieux comprendre le fonctionnement du monde qui m'entoure! Les élèves questionnent, parfois il y a quelques longueurs. La journée commence à être longue. On branche la 3G des téléphones pour surfer entre deux chapitres. Mes nerfs commencent à être tendus et je me sens vraiment fatiguée. C'est fou de se sentir comme ça sans bouger de la journée! Mon cerveau renâcle et réclame de se reposer... Ca tombe bien, c'est la pause!
15H30 encore un café! On parle et moins et on rit moins, on est tous fatigués. On ne s'éternise pas, il faut y retourner. C'est difficile de rester concentrée quand je ne comprends pas le cours, que je suis fatiguée, et que l'heure du week end arrive... Je note pourtant scrupuleusement chaque mot que le prof prononce, dans l'espoir de mieux intégrer en relisant mes notes à la maison. Je ne peux pas m'empêcher de laisser mon esprit vagabonder. Souvent, j'observe la façon dont les profs mènent leur cours, et la réaction de la salle en retour. En Droit, je suis toujours très admirative de la maîtrise que le prof a d'un sujet auquel je n'entend strictement rien. Mon cerveau est réfractaire aux mots employés. Lui les manie avec facilité, nous parle à toute allure des subtilités du droit et de la politique. Qui gouverne qui, qui décide quoi, quel statut régit quoi...
16H50 nous sommes à peu près tous fébrile. Le prof le sent. Il nous permet de partir... La course contre la montre du soir commence! Je sors, la pluie s'est mise à tomber. Je fais l'erreur de revenir sur mes pas pour demander un renseignement à Marie avec qui je suis déléguée. Je pers quelques précieuses minutes qui me font rater le bus sous mon nez. Il me faut attendre 17 minutes pour le suivant : adieu train de 17H15! Le soir, le bus est toujours bondé. On commente d'une voix lasse les cours de la journée. Il pleut, ça bouchonne, le bus mets une éternité à faire son trajet. Je rate aussi le train de 17H30 que je ne manque presque jamais d'ordinaire. Ca valait bien la peine de quitter plus tôt!
17H45, je suis dans le train. Je suis vidée. Trop vidée même pour lire ou écouter de la musique.
18H20 à l'école des loulous, trempée. Ma petite caille se rue dans mes bras, comme chaque soir, en criant "mamaaaaan!" Ma petite bulle d'énergie et de douceur, je la serre contre moi. Et voici venir mon grand garçon! "Salut maman!" Qu'il a mûrit mon Cédric! Il me questionne sur ma journée, je le questionne sur la sienne, et Camille essaie vaille que vaille d'obtenir elle aussi sa part d'attention.
18H45 ma seconde journée commence à la maison...

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