22 septembre 2011

J'pète les plombs! J'pé j'pé j'péte les plombs!

Alors d'accord y'a l'écoute active. Y'a la résolution de problèmes. Y'a tout un tas de méthodes testées et approuvées qui fonctionnent avec les enfants et nous empêchent en principe d'arriver à ce fameux "pétage de plomb" vous savez? Celui qui nous voit transformées en maman hystériques, où vous arrivez à cet état de transe, où vous vous voyez agir, hurler comme une démente, et où la colère s'auto-alimente et que même le regard médusé de vos enfants devant leur folle de mère n'arrive pas à vous arrêter...


MAIS PUTAIN BORDEL DE DIEU CA FAIT DU BIEN QUAND CA SORT!!!!


Je l'avais pressenti, d'abord. Mais difficile d'expliquer ça sans passer pour la fille défaitiste, la mère indigne qui ne croit pas en son lardon.
Ca a été la petite pierre qui roule et qui n'amasse pas mousse mais provoque l'éboulement.
Mon fils, mon lardon, ma chair de ma chair, mon neurone manquant. Je vais pas vous mentir en faisant genre que j'étais pas la plus fière, la plus extatique des mamans quand son instit de CE1 m'a dit comme ça "non mais je parle de ses capacités" alors qu'elle m'interrogeait sur une éventuelle visite chez la psychologue scolaire, où j'avais renchéri sur son comportement un peu "olé olé" en classe.
Noooon, ça ne lui posait pas de problème à la maîtresse le comportement de Cédric. Elle balayait d'un haussement d'épaules mes tentatives d'explications en disant "non mais ça c'est pas important je gère". Ce qu'elle ne gérait pas, c'était de voir un élève s'ennuyer ferme en classe. Ah ça non!
Alors elle m'a dit comme ça "vous en pensez quoi vous, d'un saut de classe?" heuuu je n'en pense heu... le plus grand bien! "Ben je sais pas moi heu, c'est vous la professionnelle" répondis-je très lâchement et très hypocritement alors que la partie, je ne sais pas laquelle en fait, mais une partie de mon cerveau sautillait sur place en criant "oui! oui! oui! ho lala la claaaaasse!"
Mais tout de suite après, voir même en même temps, une autre partie de mon cerveau (il a plein de parties mon cerveau), la grosse partie grisatre et sombre là, la rabat-joie, se mise à trembler et à envoyer des signaux à mon ventre pour qu'il se contracte de trouille.
Cette partie là me disait "non non! et si ça marchait pas!" Et elle a parlé plus fort quand la maîtresse a dit "mais il faudra qu'il se montre plus sage et plus attentif s'il passe un niveau au dessus!" et là quelque chose en moi, je l'avoue, j'ai honte, mais c'est vrai, m'a dit "c'est foutu ma vieille. Pas 5 minutes il va y rester en CE2 si c'est à ces conditions.

Mais quand même j'ai tenté d'y croire parce que malgré cette grosse partie grisâtre dans ma boite crânienne, je m'efforce d'être une fondamentale optimiste. Je me suis dit atteeeeend c'est LA solution à la plupart des enfants en avance qui s'ennuie et font le bazar. Quand on leur donne des trucs plus durs à faire ils ne pensent plus à faire n'importe nawak!

Oui mais je le connais le lardon. D'abord quoi qu'on en dise, ce n'est pas un enfant précoce, ou surdoué, ou je ne sais quoi. C'est... autre chose... Je ne sais pas s'il existe un mot pour les enfants comme Cédric.
Il pige très vite. Il peut être d'une maturité quand il s'agit de choses importante, qui m'étonne la première. Mais d'un autre côté il échappe totalement aux règles et aux contraintes. Ca lui passe au-dessus, et il ne voit aucun, aucun intérêt même avec une carotte grosse comme la tour eiffel, à se plier dans le rang. Il va toujours faire précisément le truc qu'il ne faut pas faire au moment où il ne faut pas le faire. Ca lui passe par la tête comme ça, et il est incapable d'expliquer ensuite pourquoi il agit comme ça.
Ca le dépasse autant que moi si vous voulez mon avis.

Alors bon, le CE2 je le sentait moyen. Mais j'avais envie d'y croire.

Et quand le 2e jour, l'instit de CE2 m'a dit qu'elle était navrée mais que ça n'allait pas le faire, qu'il a amplement les capacités de rester dans sa classe mais que s'il ne se plie pas un minimum aux consigne il va être largué, j'ai ressenti tout le poids du désespoir d'une maman qui ne sait pas quel carte tirer de sa manche pour trouver une solution. Le poids de la culpabilité aussi.
On se repasse le film en boucle en se disant "à quel moment j'ai loupé un truc dans son éducation? Qu'est ce que j'ai pas fait? Qu'est ce que j'ai trop fait? Et des trucs qu'on a pas fait/trop fait on en trouve plein et on se fustige et en même temps on est en colère contre cet enfant qui pinaille et qui veut pas être du même modèle que tout le monde.

Ouais ouais je sais y'a pas de modèle en vrai mais vous avez toutes ressenti ça à un moment ou l'autre non?

Alors je repars la tête basse tout en m'efforçant de la garder haute, de l'école, expliquant au lardon que c'est pas bien grave, et que la maîtresse a donné encore une chance, en essayant même plus d'y croire mais en se concentrant pour ne pas faire passer d'émotion négative à son cher bambin. Et là y'a la numéro deux là. Vous savez la petite furie qui pense du haut de ses deux ans qu'elle est comme Amélie Nothomb, Dieu. Que le monde est un vaste terrain de jeu sans lois ni règles, qu'elle explore quand elle en a envie, si elle en a envie.
La lardonne là elle a du capter un truc qui se passait et elle a du se dire, c'est à moi de porter le coup de grâce pour lui ouvrir les yeux à mon aveugle de mère! Je vais la pousser à bout, la faire exploser comme un bouchon de champagne trop secoué!

Et la vla ma p'tite mère qui se carapate en courant et en riant, sur ses petites jambes si agiles et si lestes que je n'essaie plus depuis un moment déjà de la rattraper quand elle se sauve.

Non, j'essaie plus. Et j'essaie plus pas mal de choses en fait à vrai dire. Et c'est en la regardant courir que je repense à mes dernières séances de thérapie, à cette esquisse de moi que la psy a commencé à dresser, qui se révèle dans mon esprit comme l'image d'une fille passive, d'une fille qui a si peur de se tromper, d'être mauvaise et contagieuse, d'une fille qui a depuis si longtemps laissé son destin entre les mains des autres, qu'elle n'ose plus agir.

Et avec mes enfants je n'agis pas non plus. J'observe, je tempête quand ils me semblent aller trop loin, mais je n'agis pas au quotidien. J'attends la faute pour la montrer. Je n'Eduque pas pour de vrai.

Et pourtant dieu sait que je trime pour essayer de faire bien, de comprendre, de prendre les bonnes décisions. Et ils sont là les deux monstres à faire exactement tout le contraire de ce que je veux, et la colère enfle en moi et je rentre à la maison et je me met à hurler comme une démente, à crier et à pleurer, à les abreuver de reproches et surtout à exprimer mon désarroi tout d'abord. Après quoi le flot de paroles sort de lui même. Je met à exprimer ce que j'attends de mes enfants, tout en réalisant que je n'ai jamais exprimé ces choses aussi essentielles. Et je leur dit que les choses vont changer à partir de maintenant, foi de truissia!
Et je sors les grands moyens, on se croirait dans un épisode de super nanny! Ils sont assis, ils me regardent avec des yeux de merlan frits, et là je déploie LA FEUILLE et LE STYLO et je me met à écrire des règles et même à tracer un TABLEAU avec des malus et des bonus et des carottes et des bâtons.

Et je me sens mieux, et les choses sont soudain plus claires dans ma tête. Et malgré l'émoi suscité par ma colère, je vois que c'est aussi plus clair dans la tête des mes chers bambins.

Depuis, à la maison, les choses sont soudainement plus simples. J'en réfère au tableau des règles, et grand lardon obtempère sans presque parlementer.
Petite lardonne, quant à elle, me tend sa menotte dans la rue quand je dis "on a dit qu'à partir de maintenant tu donne la main à maman quand on est dehors", et de m'agripper dans ses petits doigts et de sautiller gaiment!
Jusque là mes tentatives de "donnage de main" s'étaient soldés par des roulages par terre, la méthode du spaghetti trop mou, et les hurlements déchirants.

Alors non, mais non! Je ne prône pas la technique du "pétage de plomb" comme un outil éducatif. Mais parfois, nos propres blocages, nos propres mécanismes enclenchés depuis longtemps déjà, ont besoin d'électrochocs pour sortir de leurs rouages.

Ce jour là l'électrochoc ça a été "mon fils va rater une chance d'être bien à l'école parce que moi, sa mère, je l'empêche de parvenir à se fier aux règles."
C'est peut être pas vrai, c'est peut être me donner trop d'importance, mais je ne crois pas.

Demain, c'est le dernier jour d'essai. On verra...!

21 juillet 2011

Greffe osseuse au pays des bisounours!


Je croyais que je ne le trouverai jamais, ce pays des bisounours!

Je l'avais vu à la télé, je l'avais vu dans des écrits de mamans sur des forums, mais moi je n'y avais jamais été.

Moi quand j'emmenais mon lardon à l'hôpital, j'étais plutôt dans le cauchemar d'Alice, à la poursuite du chapelier fou...

Mais ce 21 juin 2011, j'ai poussé la porte du pays des merveilles, illustré plutôt dans les couloirs du service de chirurgie maxilio faciale par les beaux textes et images du petit prince partout sur les murs.

Au pays des bisounours, la chambre de Cédric s'appelait "aviateur". Dans ce pays merveilleux, on nous avait fait visiter le service, les chambres, les salles de soins, de jeux, et tout expliqué dans les moindre détails avant l'hospitalisation.
Dans ce pays magique, les infirmières ne courraient pas dans tous les sens. Elles étaient suffisamment nombreuses pour ne pas être agressives ni exténuées. Elles nous souriaient quand nous passions, appelaient les patients par leurs prénoms, avaient toujours un mot gentil, une petite blague pour faire sourire les petits.
Du service administratif aux employées qui vidaient les poubelles, tout le monde était gentil, tout le monde souriait, tout le monde prenait le temps de parler tout en faisant son travail avec efficacité.
A bisounoursland, la chambre aviateur était la plus belle chambre du service. Nichée dans l'angle du bâtiment, elle bénéficiait de 4 grandes fenêtres qui offraient une belle luminosité, de l'espace pour ne pas se sentir enfermé. Une télé avec son lecteur DVD. Une commode pour ranger ses affaires. Un frigo dans la table de nuit. Assez de sièges et de fauteuils pour accueillir les visiteurs. Une chauffeuse se déployant en vrai lit de camp pour que papa ou maman puisse dormir aussi. Et une belle salle de bains attenante rien que pour nous avec douche, lavabo et WC!
A bisounoursland, les infirmières bisounours avaient des tas de techniques pour s'assurer que les enfants ne souffraient pas. Des frises avec des visages, ou des chiffres, ou des couleurs. Les petits patients étaient vivement encouragés à dire s'ils souffraient.
A bisounoursland, tout était prévu pour l'alimentation des petits opérés. On leur demandait leurs parfums préférés et ce qu'ils ne voulaient surtout pas manger. On leur mixait la nourriture en potages ou en purées. On s'efforçait de disposer les plats de manière attrayante et appétissante. On s'assurait que tout allait...
A bisounoursland, le chef des bisounours venait en personne CHAQUE JOUR visiter ses patients. Il expliquait tout ce qu'il faisait. Et surtout il ECOUTAIT! Et même il s'asseyait sur le fauteuil pour prendre tout son temps. Il demandait des avis, donnait le sien, échangeait sur tous les sujets qu'on voulait aborder.
A bisounoursland, même l'anesthésiste venait expliquer son métier. Nous avons appris des choses qu'en 7 opérations nous n'avions jamais soupçonnées!
A bisounoursland, les parents sont cordialement invités à accompagner leur enfant au bloc, et à être présent à son arrivée en salle de réveil, tout le temps nécessaire.

A bisounoursland nous n'avons jamais été inquiets. Les 6 jours ont filé comme des comètes dans le firmament du petit prince. On nous a parlé, sourit, on ne nous a pas dérangé la nuit.

A bisounoursland, Cédric n'a pas souffert. Le seul moment difficile a été les longues minutes en salle de réveil, le temps de retrouver ses esprits et de doser les antidouleurs. Il ne s'est pas ennuyé, maman non plus! Les visites n'avaient pas d'horaires et ne dérangeaient pas.

A bisounoursland le chef des bisounours a fait tout le service pour chercher pour maman la clé wep pour utiliser le wifi! Si si!


Hélas bisounoursland va bientôt fermer ses portes. Service public et trou de la sécu obligent. Le gentil chef bisounours et tous ses amis vont déménager à Necker où, nous a-t-il rassuré, il s'efforcera de créer le même climat avec plus de capacités.

Nous avons bien mérité je crois, de trouver enfin la porte du pays magique où des bisounours aux doigts de fée rafistolent nos petits que la nature a abîmés. Nous en avons rencontrés des patients bisounours, avec des pathologies parfois très très lourdes...
Cédric est ressorti du pays enchanté, ravi de montrer à tout le monde sa cicatrice à la hanche, assorti d'un sourire encore plus beau qu'avant!

La greffe n'a pas fini de cicatriser, et un vilain coup de pied de Camillette l'embête un peu pour se terminer, mais tout devrait bientôt rentrer dans l'ordre, et on ne finira jamais de remercier de tout coeur le Pr Picard et son armée de bisounours, dans le service du Pr Vasquez à l'hôpital Trousseau.