31 mars 2006

la truie au trocadéro...


En direct une nouvelle aventure de notre truiss nationnale!

Comme vous ne le savez pas, cher lecteur porutant assidu, mon chéri tawny vend(ais) un amiga 4000 ppc avec une carte réseau dedans. Pas indispensable, la carte, mais c'est une adriane, introuvable aujourd'hui. Ca fait un petit moment qu'il essaie de refourguer le 4000 et au moins 50 personnes lui ont proposé d'acheter la carte réseau toute seule. Lui, il voulait pas, parce que bon des 4000 il s'en vend plein, mais avec une adrianne, on en trouve pas.

Mais v'la-t-y pas qu'en discuttant avec notre ami Thorin, ex-demomakeur-qui-a-réussi-dans-la-vie et qui collectionne les vieilleries (huhu), celui-ci nous supplie de lui vendre la adrianne et nous en propose 100€!

100€ c'est pas mal! D'autant qu'on l'avait achetée 40, donc forcément! Alors bon, on dit oki, c'est parti mon kiki!

Seulement le Thorin, l'a eu un accident, et il est tout plâtré de partout, donc pas moyen pour lui de venir chercher la carte, donc me vla partie pour lui amener à domicile!

Vendredi soir, je m'apprête à partir du boulot, matos en main, mais le Thorin répond pas au téléphone. Je rentre donc à la maison. Quand il émerge de son coma c'est trop tard je suis déjà rentrée à la maison donc on se redonne rdv la semaine suivante.

Vendredi, je me met en condition pour faire la traversée de Paris-by-heure-de-pointe après ma journée de boulot. J'attends mes patrons à qui je dois donner les clés, qui se pointent finalement vers 18h00. Hop! Je file! Je me tape toute la ligne 9 avec un gamin de 3-4 ans qui me file des coups de pieds dans les genous et me tire la langue toutes les 5 minutes.
J'arrives enfin au trocadéro au bout d'une grosse demi-heure de trajet, Thorin m'a dit que sa rue part de la place, dont j'entreprend donc de faire le tour. Un coup d'oeil ébahi vers la tour effeil, ça faisait longtemps qu'on s'était pas dit bonjour toutes les deux, et je fais le tour. C'est effarant les gens à Paris, les rues qu'on traverse au petit bonheur la chance, les voitures qui vous rouleraient dessus sans scrupule, les mémés en trotinettes et toutes ces bizarreries qu'on ne voit nulle part ailleurs.
J'étais déjà de mauvais poil en partant, vu l'heure tardive, et là je me met carrément à rochonner en marchant "putainputainputainfaischier!" J'ai l'impression que tout le mond eme regarde de travers. J'ai les cheveux mal coiffés, je me suis pas maquillée, j'ai un pantalon avec un TROU AUX FESSES et je trimbale mon adrianne enroulée dans une serviette de toilette dans un sac de la Halles aux chaussures. Et tout autour de moi, sans mentir, et mis à part les touristes, il n'y a que des gens sortis de films ou de magazines. Nanas liftées dans des tailleurs que mon imagination serait même pas capable d'entrevoir, mecs en costard dans de grosses bagnoles rutilantes, hôtels particuliers face à la tour eiffel, bref, un monde à mille lieues du mien, un monde que je n'ai pas du tout du tout envie de cotoyer à 7h du soir après une journée de taf, ma gueule dans le cul, mon cul dans un pantalon troué, mes chaussures cracra et mon sac de la halle... Je suis persuadée que tout le monde me regarde, je suis de très mauvais poil. En plus j'écoute noir désir à fond dans mon i-bead, ce qui n'arrange en rien mon air mal-aimable (imaginez comment on peut voir ce quartier quand une voix s'égoisille dans vos oreilles : "nous les écorchés viiiiifs! On en a des séviiiices!")
Donc je marche d'un pas alerte en grommelant toute seule "keskizoncesbourgesamergardercommeça" et je fais au moins 3 fois le tour de la place sans trouver cette putain de rue, et quand je pense à demander à un kioske, on m'indique bien évidamment la rue opposée ce qui m'olige à refaire un tour de manège gratuit.
Je croise une nana qui doit mesurer 1,80m avec lunettes de soleil, dans un grand manteau rouge, impeccable, avec des bottes à talons qui prolonges ses jambes intemrinables et qui pousse une poussette ridicculement petite (un cosy sur chassis) par rapport à sa taille, et je ne peux m'empêcher de sourire en me disant que comme les notres son charmant bambin lui refera bientôt toute sa précieuse tapisserie et j'espère en secret qu'il dégobillera sur ses super bottes avant la fin de la soirée.
J'ai le coeur plus léger quand j'emprunte enfin la fameuse rue où habite cet enfoiré de Thorin.
Juste à côté de chez lui, il y a une résidence privée, derrière une grille. Je m'arrêtes pour regarder. Une nana sort de sa grosse voiture, un lévrier lui fait la fête. Deux vigiles en civil (genre comme dans les boites de nuit) la saluent et boivent des canettes de coca, ça me parraît tellement surréaliste... Tout ce luxe, c'est le quotidien des gens de ce quartier. C'est leur quotidien, leur normalité, ça me parraît tellement étrange, j'ai envie de leur crier : "vous vous rendez compte au moins?" Mais je dis rien, je tire sur mon pull pour cacher mon trou aux fesses et j'avance vers l'immeuble où vit Thorin. C'est vraiment à côté de la tour eiffel, c'est dommage il ne la voit pas de chez lui. Je téléphone pour qu'il me donne le code, puis j'entre. Un 2e interphone et me voila dans l'immeuble. Je prends l'ascenceur direction le 4e étage. Un coup d'oeil dans le miroir et là, comble de l'horreur, j'aperçois miss mèche blanche qui fait son retour sur mon front, alors que ça fait même pas un mois que j'ai fait ma couleur.
Ca m'achève.

Thorin m'ouvre sa grosse porte blindée après 5 minutes de cliquetis de verrous qu'on ouvre et j'entre dans son appart qui, à mon grand soulagement, n'a pas l'air de faire partie de ce quartier. C'est spacieux et tout, mais il n'a fait aucune déco, on dirait qu'il vient d'emménager, y'a rien dedans. Un lit dans la chambre, un canapé dans le salon, et une tonne d'ordis dans le séjour, où il travaille. La moquette fait la gueule et ça pue le tabac froid. Un gros matou me dis bonjour pendant que je visite.

"tu veux un cigarillo à la vanille?"
"Non merci, un coca c'est bien."

Je me pose une fesse, je déballe la Adrianne qui n'a pas souffert du voyage, le chat s'installe sans demander sur mes genous et me plante ses griffes dans la rotule pour être sûr que je n'aurai pas l'idée saugrenue de faire le moindre mouvement.
Thorin me montre ses joujous : amigas et amstrad portables, vieux jeux décrépits, atari, etc...
Il me parle de ses sites de boules qui lui rapportent plein de thunes, on mate de vieilles demos toutes moches sur l'amiga, j'acquiece à ses exclamations enthousiastes : "ouah, on a jamais rien fait de mieux!" Oui, en effet, des cubes psychédéliques qui tournent et divers objets mappés sur une chiptune qui a somme toute, à mon sens, assez mal vieilli, on a pas fait mieux!
Cela dit, au moins, à l'époque ils avaient l'excuse du bridage de la technologie. Aujourd'hui on voit les même merdes sur des pc tellement performants qu'on se demande où est encore l'intérêt de faire du temps réel...

J'aime bien Thorin, c'est un mec que j'aime bien écouter parler, et qui s'assume complètement. C'est un autre univers, des principes complètement différents des miens, mais je l'aime bien, il est cool, il s'en fout de tout. Il me raconte que sa nana viens de se casser parce qu'elle en avait marre qu'il ne pense qu'à son boulot et qu'elle lui serve de femme de ménage, et il me dit fièrement que maintenant il a une vraie femme de ménage qui viens toute les semaines. Moi j'pense à mon repassage qui m'attend. Je lui dit quand même ça manque d'une touche féminine chez toi, alors il me montre un "objet de déco" qu'il a déniché je ne sais où : une clé en bronze qu'il me demande de dévisser. Dedans il y a un tire-bouchon, c'est "la clé du paradis". C'est pas pour dire mais les mecs quand même... ça restera jamais que des mecs...

Comme il a un pote qui doit passer, il me donne mes sous et on se dit au-revoir. Je regarde la fille dans la glace dans l'ascenceur et d'un coup je me dégoutte. Mais vraiment quoi. Je me dit que je mérite même pas d'être là dans cet ascenceur, j'ai l'impression de pas être à ma place, d'être un imposteur.

Je saute dans le métro en jetant des regards mauvais aux gens. Je me dit peut être qu'ils me regardent bizarrement parce que je les regarde méchament. Je m'en fous.

J'arrive à la maison il est près de 22h00, je m'écroule, terrassée par la fatigue et la déprime. Jérémie m'achève en me disant "bah, c'es toi qu'a voullu y aller hein..."

Y'a des jours comme ça...

PS : on vend le 4000 ppc en tour avec une o60 disque dur scsi si ça intéresse quelqu'un

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